La Villa Ephrussi de Rothschild, Saint-Jean-Cap-Ferrat

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Sur la partie la plus étroite de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, au sommet d’un promontoire qui surplombe, à l’ouest la rade de Villefranche et à l’est la baie de Beaulieu, la villa Ephrussi de Rothschild occupe un des sites les plus spectaculaires de la Riviera. Dans ce palais néo-Renaissance, aux étonnants murs roses, sont exposées les collections d’œuvres d’art rassemblées par la baronne Béatrice de Rothschild et son époux, Maurice Ephrussi. Plusieurs jardins à thème, aménagés ultérieurement, servent d’écrin à ce lieu d’exception

L’esprit de la Belle Epoque

Fille et petite-fille de banquiers, Béatrice de Rothschild hérite, à la mort de son père en 1905, d’une fortune colossale. Déjà propriétaire de plusieurs résidences, à Monte-Carlo et Paris, elle achète un terrain sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat sur lequel elle entreprend des travaux titanesques : en quelques années, le promontoire rocailleux se transforme en un lieu de villégiature très représentatif de l’art de vivre des riches hivernants azuréens à la Belle Epoque.

La construction de la villa « Île de France » - ainsi baptisée en référence à un luxueux paquebot de l’époque – est confiée à l’architecte Charles-Marcel Auburtin, qu’assiste un confrère niçois Aaron Messiah. Malgré les querelles nombreuses qui opposent ces derniers à la baronne, le projet prend forme et les travaux s’achèvent en 1912. Le lieu est équipé de tous les éléments de confort moderne : chauffage à air pulsé, salles de bain, téléphone …

A la même époque débute l’aménagement du jardin qui nécessite de gigantesques opérations de terrassement. Des centaines d’ouvriers dynamitent la roche et apportent des tonnes de terre végétale ; pour protéger les jeunes plantations des rafales, des panneaux de verre font office de « coupe-vent ». Conçu par Béatrice de Rothschild elle-même - qui adapte à son gré les propositions d’architectes-paysagistes de renom  comme Achille Duchêne - , le jardin à la française est terminé lors de l’inauguration de la villa. Visible depuis la maison, il s’agit d’un jardin classique qu’agrémentent jeux d’eau et bassins surplombés d’un gracieux temple de l’Amour en point de mire. Avec les vues ouvertes sur la mer, à bâbord et tribord, il évoque un bateau voguant sur les flots bleus de la Méditerranée ; pour renforcer l’illusion, la fantasque baronne impose d’ailleurs à ses jardiniers une tenue de marin, y compris le béret à pompon rouge !

Si elle vit peu à Saint-Jean, où elle passe seulement l’hiver pendant quelques années, Béatrice de Rothschild y convie toute l’élite mondaine de la Riviera et organise des réceptions fastueuses. Le jeu, véritable passion de la maîtresse de maison, tient une place importante que rappellent plusieurs éléments du mobilier, par exemple une table de trictrac et une table de whist du XVIIIe siècle dans le Grand Salon. Lors des fêtes, l’excentricité est souvent de mise, comme en témoigne l’organisation en grande pompe, avec marche nuptiale et enfants d’honneur, du mariage de Diane et Major, ses deux caniches … Mais cette insouciance ne dure qu’un temps et, à partir de 1916, la propriétaire délaisse sa villa. A sa mort en 1934, elle la lègue à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France en même temps qu’une collection de 5000 œuvres d’art en provenance de ses nombreuses résidences. Désormais dotées d’une fonction muséologique, les différentes pièces sont totalement réaménagées mais elles conservent, comme le souhaitait Béatrice, l’ « aspect d’un salon » et  tout l’esprit  de la Belle Epoque.

Le jardin, quant à lui, est confié au paysagiste Louis Marchand qui en entreprend la restauration et le complète par une série d’espaces thématiques : il se transforme ainsi en « jardin encyclopédique », un nouveau type de composition paysagère apparue au début du XXe siècle. Abandonné lors de la Seconde Guerre et décimé par les grandes gelées de 1985, il a aujourd’hui retrouvé tout son panache et participe largement au charme rétro des lieux.

Un voyage dans le temps et l’espace

Si la villa et ses jardins traduisent bien l’ambiance de la Belle Epoque, ils permettent également, au gré des collections et des aménagements, de parcourir les siècles. Le Moyen Age tardif s’affiche dès l’entrée avec un porche d’inspiration gothique flamboyant ; il reste à l’honneur dans le patio où sont présentées plusieurs œuvres d’art d’époque médiévale, dont un triptyque de l’école de Valence et des Vierges à l’enfant ; enfin, à l’extérieur, le jardin lapidaire expose quelques pièces sculptées de cette époque. La Renaissance, quant à elle, est la principale référence architecturale ; inspirée des écoles italiennes des XV- XVIe siècles, la villa évoque, en effet, les constructions florentines et vénitiennes du Rinascimento : pilastres, encadrement des baies, patio à arcades, utilisation de marbres …

Mais les lieux traduisent surtout la véritable passion de Béatrice de Rothschild pour le siècle des Lumières dont le raffinement, l’insouciance et la joie de vivre rappellent l’esprit de la Belle Epoque : mobilier Louis XVI, représentations de scènes galantes et bucoliques, porcelaines de Sèvres… s’invitent ainsi dans les différentes pièces du rez-de-chaussée ou de l’étage, meublées et décorées dans le style du XVIIIe siècle.

Le voyage dans le temps s’accompagne d’un voyage dans l’espace et l’exotisme se manifeste aussi bien dans la décoration intérieure que dans l’aménagement des espaces extérieurs. Ainsi, au premier étage de la villa, le salon chinois, avec son mobilier en laque et sa collection d’objets en quartz rose et en jade, témoigne du succès, au siècle des Lumières, des chinoiseries. Appréciés dès le règne de Louis XIV, les objets venus d’Extrême-Orient suscitent, en effet, un véritable engouement au siècle suivant et influencent l’art européen : en témoignent, dans le « salon des porcelaines de Meissen », plusieurs pièces parmi lesquelles un étrange éléphant au corps de cochon, aux oreilles humaines et aux dents de carnivore.

Certains jardins thématiques participent également au dépaysement ; le jardin exotique expose, sur un pan de rocher ensoleillé, de nombreuses espèces de succulentes : agaves, figuiers de barbarie, Echinocactus… Plus ombragé, le jardin japonais, récemment restauré, s’organise autour d’une rivière serpentine ; bassin peuplé de carpes koï, érables aux feuillage coloré, azalées, lanternes et pavillon de bois concourent à transporter le visiteur sous d’autres cieux. Enfin, le jardin dit « espagnol », avec son patio que traverse un étroit canal, ses papyrus et ses oiseaux de paradis, dégage plutôt une ambiance orientale. 

Des collections exceptionnelles

Membre de l’Académie des beaux-arts, le père de Béatrice, Alphonse de Rothschild, était un grand collectionneur. Sa fille poursuit la tradition familiale et regroupe, dans ses diverses résidences, le meilleur de chaque époque. Ainsi en est-il du mobilier, souvent de style Louis XVI ou transition : certaines pièces rares sont attribuées aux plus célèbres maîtres ébénistes de l’époque comme Jean-Henri Riesener, favori de Marie-Antoinette - qui réalise pour la famille royale de fastueux meubles néoclassiques- ou Adam Weisweiler, également fournisseur de la cour de France. Œuvre de ce dernier, un meuble très précieux est exposé dans le boudoir : il s’agit d’un guéridon octogonal dont le plateau en cire s’orne de scènes animalières réalisées en plumes d’oiseaux et élytres d’insectes.

La villa possède également de belles collections de tapisseries. Réalisées par les manufactures royales des Gobelins, d’Aubusson ou de Beauvais d’après les cartons des plus grands artistes comme François Boucher ou Charles-Antoine Coypel, elles ornent différentes pièces. Des boiseries, des toiles peintes marouflées sur les plafonds et les murs ainsi que des tableaux et dessins complètent la décoration. A l’instar des lavis de Fragonard, exposés au premier étage, ou de la peinture de Giandomenico Tiepolo, au plafond du Grand Salon, ils sont souvent représentatifs de la sensualité, la légèreté, voire la frivolité qui caractérise le style rococo.

Enfin, les lieux recèlent une des plus importantes collections de porcelaines de France. Beaucoup d’entre elles proviennent de la Manufacture de Vincennes et de celle de Sèvres, (la seconde étant l’héritière de la première). Des pièces exceptionnelles s’exposent dans les vitrines comme le « service aux partitions », décoré d’un trophée d’instruments de musique, ou encore les « vases des trois âges », dont le motif central et les anses évoquent le passage des ans. De très belles porcelaines de Saxe, issues de la célèbre Manufacture de Meissen, sont également présentées, en particulier un orchestre composé de plusieurs singes musiciens d’une superbe finesse d’exécution.

Ce goût pour les collections s’affiche aussi dans les espaces extérieurs, aménagés en grande partie après la mort de la baronne :  s’y succèdent neuf jardins thématiques et, en particulier, une roseraie où s’épanouissent les plus célèbres variétés de roses françaises, une centaine au total.

Renseignements pratiques 

 

06230 Saint-Jean-Cap-Ferrat
Tél : 04 93 01 33 09 
Fax : 04 93 01 31 10
Email : message@villa-ephrussi.com

https://www.villa-ephrussi.com/

Horaires et accès 

La Villa est ouverte 365 jours par an de 10h à 18h sauf : 
- En juillet et août  de 10h à 19h. 
- De novembre à février : du lundi au vendredi de 14h à 18h / les week-ends, jours fériés et vacances scolaires de 10h à 18h.
Dernière admission 1/2 heure avant la fermeture.

La Villa Ephrussi de Rothschild domine la rade de Villefranche et la baie de Beaulieu. Elle est située à 10 kilomètres de Nice et de Monaco et à 800 mètres de la Villa Kérylos.  
En voiture : accès par la basse corniche (RD6098). Un parking gratuit est à disposition des visiteurs devant la Villa.  
Coordonnées GPS : latitude 43°6945937 - longitude 7°3292327.
En bus : lignes 81, arrêt "plage du passable". 
En train : gare de Beaulieu-sur-Mer - www.ter-sncf.com/paca  
En avion : aéroport de Nice.

Tarifs 

Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 10 € 
Offre famille : entrée gratuite pour le 2e enfant âgé de 7 à 17 ans (avec 2 adultes et 1 enfant payant).

Les enfants 7 à 17 ans, les étudiants, les porteurs du Pass Education et les demandeurs d’emploi bénéficient du tarif réduit (sur présentation d’un justificatif). Les enfants de moins de 7 ans et les journalistes entrent gratuitement à la Villa (sur présentation d’un justificatif). La carte d'invalidité permet un accès gratuit et coupe-file au Musée. L'accompagnateur bénéficie du tarif réduit.

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