Les armoiries des Alpes-Maritimes

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Héritées du Moyen Âge les armoiries au même titre que les drapeaux ou les logos sont des symboles qui ont intégrés notre vie quotidienne. Nous les côtoyons chaque jour et même si nous ignorons leur histoire ou leur symbolique nous les reconnaissons en tant que marque d’appartenance. Ainsi l’aigle rouge un des plus vieux symboles héraldique connu des Alpes-Maritimes,  est-il connu de tous pour être la représentation de la ville de Nice.

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Introduction

Le blason, dans le langage courant, est un emblème en couleur obéissant à des règles précises et qui représente un individu ou un groupe de personnes. On emploie aussi les termes d'armes ou armoiries. L'utilisation d’emblème remonte à la plus haute antiquité,  mais c’est au XIIe siècle que le blason apparaît en Europe. Il n’y a pas d’uniforme, sur le champ de bataille, les chevaliers portent des armures pour se protéger des armes de plus en plus lourdes et meurtrières. L’idée d’un symbole en couleur sur le bouclier ou écu signe de reconnaissance et de ralliement s’impose à la guerre puis au tournoi.

Le héraut d'armes, tour à tour messager, diplomate et organisateur de tournois devient le spécialiste du blason. Il donne son nom à la discipline consacrée à l'étude de ceux-ci : l'héraldique. Il fixe les règles et dresse des listes de blasons appelées armoriaux.

Le blason médiéval

Jusqu’au milieu du XIIe siècle, l'emploi du blason est réservé aux grands vassaux et n’a pas encore de règles établies. Le premier blason identifié remonte à 1146 (le blason de Raoul de Vermandois). Insignes militaires, ils empruntent leurs symboles au monde animal. L’ours, le sanglier puis le lion sont souvent choisis par les seigneurs pour affirmer leur force et leur vaillance mais aussi pour effrayer l’ennemi.

Au XIIIe siècle le blason devient héréditaire, s’étend à toute la noblesse et se répand hors du cercle guerrier. Son usage se retrouve chez les ecclésiastiques et chez les dames de la noblesse. Le droit des femmes au port d’armoiries coïncide avec le moment où leur rôle se développe dans la société féodale compte tenu des guerres souvent lointaines (croisades) entraînant une absence prolongée et une mortalité élevée chez les jeunes hommes.

Au XIVe siècle, allant de pair avec le mouvement d’indépendance communale, les villes portent blasons. Le symbole et son emplacement dans l’écu indiquent souvent la force du lien unissant la ville à son suzerain. A la fin du XIVe siècle les blasons sont adoptés par toutes les couches de la société, du noble au non noble (roturier), du bourgeois au paysan libre (vilain) en passant par les artisans, les corporations et les communes.

Le blason dans les Alpes Maritimes

Il est très difficile de retrouver l’origine et l’époque d’adoption d’un blason. Les sources sont rares pour l’époque médiévale. Beaucoup de blasons nous sont connus grâce à leur reproduction sur des sceaux, des monuments ou par des armoriaux. La Provence et le comté de Nice ne semblent pas avoir eu d’armoriaux anciens. En fait une grande partie des blasons sont d’adoption récente.

Les blasons les plus anciens sont ceux des suzerains, comtes de Provence et de Savoie, puis ceux des grands vassaux locaux comme les Villeneuve, les Lascaris, les Grimaldi ou la famille de Grasse. Pour les centres urbains le plus ancien blason attesté semble celui de Nice qui apparaît sur des documents à la fin du XIVe siècle. Celui d’Antibes est mentionné dans l’ouvrage d’Honoré Bouche en 1664.

L’étude des blasons des Alpes-Maritimes montre que, comme dans le reste de l’Europe, le lion est le symbole héraldique le plus souvent adopté, environ 10%. L’aigle est très présente dans le comté de Nice (10%), en particulier l’aigle de sable (noire), symbole d’allégeance au Saint Empire romain germanique.

On remarque aussi bien côté niçois que provençal la présence de tours et châteaux (5%). Du côté niçois, les blasons sont très souvent chargés de la croix de Savoie alors que du côté provençal ce sont les fleurs de lis de la maison d’Anjou et du roi de France que l’on retrouve, comme à Antibes.

Le blason, signe de reconnaissance individuelle ne disparaît pas à la fin du Moyen Âge. L’héraldique devenue universelle est même récupérée à des fins financières sous Louis XIV. L’édit de 1696 impose l’inscription, moyennant un droit de vingt livres, de tous les blasons du royaume dans l’Armorial général de France avec obligation pour toutes les villes d’y figurer. Certaines communes qui tardent à s’exécuter se voient octroyer un blason d’office. À la fin du XVIIIe siècle les deux tiers des blasons en usage ne sont pas nobles, un tiers appartient même à des personnes morales (des institutions).

Pendant la Révolution, considérés à tort comme des symboles de féodalité, les blasons sont abolis le 19 juin 1790. Leurs représentations sur les monuments sont effacées et leur usage interdit. L’Empire en 1808 rétablit l’usage des armoiries et adopte une symbolique nouvelle souvent empruntée à l’Empire romain ou influencée par les campagnes napoléoniennes. Avec la Restauration les vieux blasons réapparaissent. Aujourd’hui l’engouement pour l’héraldique connaît un renouveau comme image de marque et de prestige. Elle suscite également un regain d’intérêt chez des historiens qui étudient l’histoire des symboles et des mentalités.

Les règles du blason

Le blason est une image en couleur qui obéit à des règles de composition dictées par le souci de visibilité. En effet il a été crée pour être vu et reconnu au premier coup d’œil, quelles que soient la distance et la lumière sur le champ de bataille. Avec ses 6 couleurs et ses 2 fourrures, et des possibilités infinies de combinaisons, le blason a traversé les siècles.

Aux 6 couleurs traditionnelles on peut rajouter le pourpre (violet) et l'orange peu utilisé. La règle de base est de ne jamais mettre émail sur émail ou métal sur métal. Lorsque les blasons ne respectent pas la règle des couleurs on dit qu'ils sont à enquerre (c'est-à-dire qu’on vient demander, enquérir, pourquoi il ne suit pas les règles). Les meubles (animaux, personnages, végétaux, objets) peuvent être éventuellement représentés au naturel, c’est-à-dire avec les couleurs qu’ils ont dans la vie (couleur de la peau ou du pelage des animaux).

Au XVIIe siècle les graveurs mirent au point un système de hachures pour coder les couleurs du blason.

©  Archives départementales 06

Les couleurs des blasons

L'écu  
 Le blason est représenté sur une forme rappelant le bouclier, dit écu, dont la forme peut varier selon les époques et les régions. La surface de l’écu ou champs est divisée en plusieurs zones : à dextre (droite) et senestre (gauche) on a respectivement de haut en bas le canton et le flanc, au centre dans le même ordre le chef, le cœur et la pointe.
Les figures

L’écu lorsqu’il est d’une seule couleur ou fourrure est dit écu « plain ». Mais il comporte presque toujours plusieurs figures. Il peut-être divisé en nombre pair par les partitions :Ou chargé par des symboles appelés meubles : animaux, végétaux, objets, êtres fantastiques, formes géométriques, qui peuvent se combiner avec les partitions et les pièces. Chiffres et lettres sont en général exclus de la représentation héraldique, ou chargé par des symboles appelés meubles : animaux, végétaux, objets, êtres fantastiques, formes géométriques, qui peuvent se combiner avec les partitions et les pièces. Chiffres et lettres sont en général exclus de la représentation héraldique.

hraldique
L'art de blasonner
Décrire les armoiries, ou blasonner vient de l’allemand blasen, sonner du cor. En effet, les chevaliers qui se présentent au tournoi sont salués par le son du cor. Par la suite un héraut d’armes décrit les armoiries de ceux qui vont combattre. Pour décrire un blason on commence par le fond de l’écu ou champs, puis on passe aux figures principales (couleur, localisation, position). Et ainsi de suite jusqu’aux meubles secondaires.
Les ornements extérieurs
Des éléments accessoires sont venus s’ajouter à l’écu, permettant de préciser l’identité, le rang ou la fonction de son possesseur. Le timbre qui regroupe les ornements surmontant l’écu (heaume, cimier, couronne, lambrequin) est le plus ancien. Les supports sur les côtés (animaux, éléments d’architecture, personnages diverses) apparaissent au XVIe siècle et ont une valeur décorative. Sous l’écu on trouve les colliers d’ordres et insignes de fonctions précisant l’identité de l’individu ainsi que la devise ou cri de guerre.
Bibliographie, sitographie

P. Ciaudo, Armoiries et institutions des communes des Alpes maritimes, éditions Europe Hérald Azur, Nice, 1992.

R. Garino, Armorial du comté de Nice, éditions Serre, Nice, 2000.

P. Joubert, L’héraldique, collection les guides pratiques, éditions Ouest-France, 1984

O. Neubecker, Le grand livre de l’héraldique, éditions Bordas, Paris 1993.

M. Pastoureau, A vos armes, éditions Gallimard, collection découvertes, Paris 1998.

M. Pastoureau, Traité d’héraldique, Grands manuels Picard, Paris, 1979.

T. Veyrin-Forrer, Précis d'héraldique, édition Larousse, Paris, 2000.

http://jean.gallian.free.fr/comm2/accueil.htm

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