L'art de la céramique,Vallauris

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Vallauris, du latin « Vallis aurea » (Vallée dorée) doit son nom à l’argile dont les sous-sols environnants regorgent. Cette terre exploitée depuis ses origines a fait sa renommée et la fortune de ses habitants. Au XXe siècle, on l’appelle « La ville aux cent potiers ».

Les origines de la céramique de Vallauris

On connaît partiellement l’histoire ancienne de la ville. Sous l’occupation romaine, Vallauris est un oppidum celto-ligure perché sur la colline des Encourdoules. Des fouilles archéologiques attestent de la présence d’une production locale de céramique utilitaire. Cette production a certainement perduré au Moyen Âge.

L’époque de la Renaissance est mieux documentée. En 1501, Don Raynier de Lascaris, seigneur et prieur, souhaite repeupler son territoire et rédige un acte de fondation pour la création d’une ville nouvelle. Plusieurs potiers viennent de la région de Gênes et s’installent. Les habitants de Vallauris ont alors une double activité : ils sont paysans mais peuvent être aussi potiers. Au XVIIIe siècle cette dernière activité se développe tant qu’elle prédomine désormais.

La céramique au XIXe siècle
Au XIXe siècle, de nombreuses « fabriques » de céramique utilitaire sont en activité. Les familles Sicard, Carbonel ou Gastaud par exemple, donnent vie à de grandes lignées de potiers. On produit en masse des marmites appelées « pignates », des poêlons, des services de table, des fours de campagne… Des dizaines d’usines où travaillent des centaines de potiers (batteurs de terre, engobeurs, enfourneurs, tourneurs, émailleurs…) sont en activité. La production est considérable, et fortement exportée.Ainsi, on a pu retrouver des tessons de céramique vallaurienne dans tous les pays du bassin méditerranéen, mais aussi en Martinique, en Guadeloupe et jusqu’en Nouvelle-Angleterre. À cette époque toutefois, on ne fait pas que de la céramique utilitaire, une production artistique voit également le jour. Elle naît avec une famille au talent exceptionnel qui représente la France aux expositions universelles, et qui reçoit dans ses ateliers la reine d’Angleterre, la cour russe, les plus grands écrivains tels Victor Hugo ou les divas. Cette renommée est due essentiellement à la grande qualité de leurs émaux irisés appelés « lustre métallique ». Il s’agit de la famille Massier. Clément, le plus illustre des frères a su mettre au point un procédé de décor unique. En outre, il sait aussi s’inspirer de tous les courants artistiques de son temps. Il est le digne représentant de ce siècle éclectique sachant mêler les influences mauresque, italienne, Renaissance, mais surtout japonisante. Ses pièces décoratives et artistiques plaisent à tous et il produit pour toutes les bourses. Il fournit notamment les plus grandes villas et les plus grands hôtels de la Côte d ‘Azur qui naît à cette époque. Au cours du XXe siècle ces deux courants : utilitaire et artistique coexistent. 
L’âge d’or de la céramique de Vallauris 

Cependant, les années 1930 voient le déclin et la fin de la céramique utilitaire ;  les usines ferment, la fonte et l’aluminium ont remplacé l’argile pour la fabrication des marmites et des poêles.
Mais de jeunes artistes, à la fin de la seconde guerre mondiale décident de reprendre des ateliers et se mettent à revisiter les formes traditionnelles. C’est l’aventure dans laquelle s’engagent Suzanne Ramié avec l’Atelier Madoura, Capron, Picault, Derval… et qui donne envie à Pablo Picasso de venir s’installer à Vallauris pour s’essayer au travail de la terre dès 1948.

Picasso toujours à la recherche de nouvelles expériences plastiques et formelles, trouve dans le décor céramique un nouveau terrain de jeu. Comme à son habitude, il travaille de façon intensive et inventive. Il décore plus de 3600 céramiques. L’Atelier Madoura qui l’accueille met à sa disposition ses potiers et leur savoir-faire. Picasso utilise les céramiques de l’atelier mais participe aussi au renouvellement des formes en proposant des dessins que les tourneurs exécutent.
À sa suite, tous les artistes de la Modernité s’essayent à ce nouveau jeu et viennent à Vallauris. Pour certains, comme Matisse, c’est une expérience d’un jour ; d’autres comme Chagall, Brauner, Prinner se lancent dans un travail plus long…De jeunes talents décident de s’installer à Vallauris au cours de cette seconde moitié du XXe siècle. Portanier, Collet, Raty… acquerront ainsi une renommée internationale.

 

La céramique Contemporaine

Vallauris est portée au devant de la scène internationale. En 1966, un concours de céramique international est organisé ; il devient Biennale et existe toujours. Ainsi, Vallauris s’enrichit d’une collection de céramique japonaise exceptionnelle, mais aussi hongroise, italienne, argentine, grecque… En 1998, une opération inédite intitulée « Deux designers à Vallauris » mettant en relation un céramiste de Vallauris et un designer voit le jour et produira deux séries de pièces par an jusqu’en 2002. Depuis lors, Claude Aïello, céramiste tourneur, continue de collaborer avec les plus grands designers européens. Il a reçu le prix « Intelligence de la main » en 2010.

Aujourd’hui, une sélection de ces céramiques est conservée au Musée Magnelli, musée de la céramique et l’Atelier Madoura accueille toujours des visiteurs.

Bibliographie

- FOREST (D.), PELTIER (Y.), Vallauris de Massier à Picasso, in L’estampille, l’objet d’art, (Hors-série), éd. Faton, 1995

- LAJOIX (A.), L’Âge d’or de Vallauris, éd. De l’Amateur, 1995

- FOREST (D.), Pignates et poêlons, poteries culinaires de Vallauris, éd. Seuil, 1996

- Massier, l’introduction de la céramique artistique sur la Côte d’Azur, catalogue d’exposition du Musée Magnelli, musée de la céramique, éd.RMN, 2000

- Des designers à Vallauris, 1998-2002, œuvres de la collection du FNAC, CNDAP, Grégoire Gardette éd. Michel Baverey éd., 2003

- Picasso, Céramiste à Vallauris, pièces uniques, catalogue d’exposition du Musée Magnelli, musée de la céramique, éd. Chiron, 2004

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