Le jardin botanique du Val Rahmeh, Menton

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Aux portes de l’Italie, dans le quartier de Garavan situé à l’est de Menton, Val Rahmeh constitue une oasis de verdure préservée de l’urbanisation  azuréenne. A vocations multiples, le lieu assume aujourd’hui les diverses missions d’un jardin botanique mais conserve de son passé le charme, et toute l’esthétique, d’un parc paysager créé pour l’agrément de ses propriétaires.

Un jardin d'agrément...

En 1905, Lord Percy Radcliffe, général de l’armée britannique et ancien gouverneur de Malte, acquiert, à Menton, une propriété construite à la fin du XIXe siècle. Il agrandit la maison et achète quelques terrains agricoles sur lesquels il aménage un jardin de style paysager agrémenté d’espèces exotiques dont une superbe allée de palmiers. Les lieux sont vendus en 1934 et, au gré des propriétaires successifs, s’enrichissent d’essences nouvelles en provenance de tous les continents. En 1957, Miss Maybud Campbell, une riche anglaise, en fait l’acquisition et complète le terrain par une nouvelle parcelle dans sa partie basse. Botaniste de formation et passionnée de plantes, elle multiplie les essences, jetant, en particulier, son dévolu sur la famille des Solanacées ce qui lui vaut son surnom de « dame aux daturas ». La « Casa rossa », comme elle l’appelle, s’entoure alors d’un gracieux fouillis végétal, témoin des grandes heures mentonnaises.

Si la vocation des lieux a aujourd’hui changé, l’endroit reste un véritable havre de paix doté de toutes les qualités d’un jardin d’agrément. Constitué de deux parcelles de terrain séparées par un chemin public, il s’étend sur un peu plus d’un hectare. Les plantations se déploient autour d’une villa aux murs ocrés, de style italo-provençal, réaménagée dans les années 1920 par l’architecte Henri Cerutti-Maori. Diversité des ports et des feuillages, floraisons exceptionnelles à toutes les saisons, fragrances subtiles, le charme résulte, tout d’abord, de la richesse végétale. Mais l’aménagement est également digne d’intérêt : si la terrasse présente un tracé assez formel, permettant de créer un lien visuel entre l’intérieur et l’extérieur, le reste du jardin s’organise de manière souple, les allées épousant la topographie accidentée du terrain. Les espaces ouverts – devant la maison ou au niveau du jardin d’eau  - alternent judicieusement avec des espaces plus intimistes comme la collection de bambous ou la zone consacrée au milieu tropical forestier. Enfin, l’effet de surprise est omniprésent : feuilles gigantesques de Monstera deliciosa ou de Victoria amazonica, tronc couvert d’épines acérées de Ceiba speciosa, fruit étonnant du cédratier ‘Main de Bouddha’ (Citrus medica ‘Digitata’)….

….devenu jardin botanique

Contrainte de vendre sa propriété en 1966, Miss May Bud Campbell vend le jardin et l’État en confia la gestion au MNHN, Muséum National d’Histoire Naturelle qui la rebaptise Val Rahmeh, signifiant « vallon de la tranquillité », en souvenir de l’épouse de Lord Radcliffe (prénommée Rahmeh). Le fouillis végétal se transforme alors en un jardin botanique exotique, avec des plantes clairement identifiées : il s’ouvre au public dès 1967 et est rattaché, depuis le début du XXIe siècle, au Département des jardins botaniques et zoologiques du Muséum.

A ce titre, il se doit d’assurer plusieurs missions. C’est, tout d’abord, un lieu de recherche mais également de diffusion des connaissances. Dans cette optique sont organisés des visites guidées, l’accueil des scolaires ainsi qu’une formation aux métiers de jardinier ; les végétaux, catalogués, sont dûment étiquetés avec le nom usuel, le nom botanique, la famille et le pays d’origine. Le lieu remplit également une fonction muséologique en organisant, au rez-de-chaussée de la villa, des expositions autour de thèmes naturalistes.

Une autre mission consiste à assurer la conservation d’espèces rares ou exceptionnelles, parfois menacées, voire disparues, dans leur habitat naturel. Ainsi Val Rahmeh est-il devenu un jardin conservatoire pour Sophora toromiro, un petit arbre endémique de l’île de Pâques. Ayant gravement régressé en raison d’une surexploitation et d’une possible modification des conditions climatiques, il n’en restait, dans les années 1950, qu’un unique spécimen sur lequel les Suédois prélevèrent des graines qu’ils mirent en culture. Des plants furent ensuite envoyés à Menton et installés dans le jardin botanique avec l’objectif, à terme, de réintroduire l’arbuste dans son berceau de l’île de Pâques.

Enfin, Val Rahmeh a également la vocation d’un jardin d’acclimatation et le Muséum multiplie les introductions de nouvelles plantes depuis 1966 ; aujourd’hui, environ 1500 taxons (espèces, sous-espèces et variétés) se partagent les lieux, représentant 160 familles et 700 genres sur 1,5 hectare. Le jardin du Val Rahmeh est labellisé Jardin remarquable depuis 2011.

De la Méditerranée aux tropiques

S’il reste peu de vestiges de la propriété agricole d’origine - seulement quelques oliviers vénérables derrière la maison -, la végétation méditerranéenne est toujours très présente dans le jardin. Les plantes emblématiques de la Méditerranée, exploitées dès l’Antiquité par les Grecs ou les Romains – comme le cyprès, le myrte ou le figuier – côtoient Chamaerops humilis, seul palmier originaire de la région. Par ailleurs, le Muséum a progressivement introduit des essences issues de zones climatiques similaires en provenance de Californie, du Chili, d’Afrique du Sud ou encore du sud-ouest australien.

Mais Val Rahmeh se caractérise surtout par sa charge d’exotisme et présente une palette végétale exceptionnelle qui couvre une aire géographique très vaste entre hémisphère boréal et hémisphère austral, incluant les régions subtropicales et tropicales. Ainsi prospèrent en pleine terre succulentes (appelées aussi plantes grasses), fougères arborescentes, roses de Chine (Hibiscus rosa-sinensis) ou encore bambous géants (Dendrocalamus).

Cette ambiance exotique résulte du microclimat. En effet, le quartier de Garavan, le plus doux de Menton, bénéficie de conditions climatiques exceptionnelles liées à sa situation : face à la mer et abrité du nord par un amphithéâtre montagneux, il est à la fois plus chaud et plus humide que le reste du littoral. Avec une température moyenne sur l’année de plus de 16°C, des risques de gel limités et une hygrométrie assez élevée, il dégage une atmosphère subtropicale, propice à l’acclimatation de végétaux souvent frileux issus de pays lointains.

Des espaces différenciés

Si Val Rahmeh réunit des végétaux en provenance de toutes les régions du monde, la présentation par continent, qu’adoptent souvent les jardins botaniques, n’est pas systématique. Ici, les regroupements s’opèrent par petites zones d’affinités biogéographiques en fonction de l’exposition ou du drainage du sol. Ainsi se succèdent divers espaces consacrés aux plantes de milieu tropical sec – souvent originaires du Mexique -, de milieu tropical humide, de milieu méditerranéen, ainsi qu’aux plantes australiennes.

Mais le jardin fait aussi la part belle à l’ethnobotanique, une science qui étudie les relations entre les plantes et les humains, et il met en scène celles qui entretiennent un rapport privilégié à l’homme. A proximité de la villa, la présentation repose ainsi sur les divers usages des végétaux, et distingue aromates et condiments, plantes alimentaires, fruitiers tropicaux, plantes médicinales aux propriétés thérapeutiques voire plantes « magiques ».

Enfin, Val Rahmeh expose de magnifiques collections constituées autour d’un genre ou d’une famille végétale. Dans la partie nord du jardin par exemple, se regroupent les Arécacées, caractérisées par une longue tige – le stipe – surmontée d’un bouquet de feuilles ; en font partie les palmiers, représentés dans le jardin par de nombreux genres aux origines géographiques très diverses : Washingtonia (Amérique), Caryota (Asie), Phoenix (Afrique et Asie), Trachycarpus (Chine), Chamaerops (Méditerranée)… Plus loin, 22 espèces et 11 variétés déclinent à l’envi le genre Citrus, celui des agrumes : cédratier, bigaradier, citronnier,  oranger doux, pamplemoussier ou mandarinier exhibent leurs fruits colorés et savoureux au sud de la terrasse.

Renseignements pratiques 

Jardin botanique exotique du Val Rahmeh

A 5 minutes à pied du bord de mer
Avenue St Jacques
06500 Menton - France
Téléphone : 04 93 35 86 72
Télécopie : 04 93 28 89 75

Horaires et tarifs 

du 02/05 au 31/08, de 10h à 12h30 et de 15h30 à 18h30.

du 01/09 au 31/04, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h.

Plein tarif : 6,50 €
Tarif réduit : 5 €

Les conditions de la gratuité sont à demander à l'accueil.

Les groupes scolaires ont un accès à 3€/enfant/accompagnateur.

Fermeture les mardis et le 1er Mai, le 25 Décembre.

Rendez-vous et visite guidée

Visites sur réservation (contacter l'accueil) et en compagnie d'un jardinier du site.

Liens utiles

Lien Facebook : https://fr-fr.facebook.com/Jardin-Botanique-Exotique-Val-Rahmeh-Officiel-457634657669274/
Lien MNHN : http://www.mnhn.fr/fr/visitez/lieux/jardin-botanique-exotique-menton

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