La grotte du Lazaret, fiche pédagogique Lazaret, fiche pédagogique

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Comment la grotte a été découverte ?

 Vers 1850, lors de travaux de création d’un établissement d’hydrothérapie marine, deux frères découvrirent une grotte renfermant une brèche compacte remplie de nombreux ossements et dents d’animaux non déterminés à l’époque.

Les études du paléontologue Émile Rivière démontrèrent l’importance préhistorique de ces gisements. La grotte du lazaret a été classée Monument Historique par arrêté du 21 mars 1963.

Qu’a-t-on découvert ?

Les chercheurs ont découvert 300 000 artefacts (outils, ossements divers) qui leur ont permis de reconstituer le mode de vie de l’Homo Erectus entre 190 000 ans et 130 000 ans :

- Présence de « lignes » de pierre formant une sorte d’enclos contre la paroi englobant deux restes de foyers alimentés par des herbes de posidonie. Ces traces attestent une zone de vie dans la grotte et permettent de penser que les morceaux de viande étaient fumés.

- Les ossements d’animaux retrouvés que les Anténéandertaliens chassaient principalement : le cerf et le bouquetin, occasionnellement l’auroch, le lapin… Les stries et les traces de découpe sur les ossements prouvent que ces chasseurs étaient de bons bouchers.

- Outillage lithique : des bifaces (culture Acheuléenne) retrouvés dans les niveaux inférieurs puis des racloirs dans les niveaux supérieurs.

Techniques de fouilles
© Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret © CG 06

Méthode de fouille systématique : L’objectif est de repérer, enregistrer et conserver tous les artéfacts encore visibles.

La grotte du Lazaret, de 35 m de long sur 4 à 14 m de large, a été creusée dans les calcaires dolomitiques du jurassique inférieur.

Les chercheurs procèdent par une technique de fouille systématique :

- Le carroyage : repérage de chaque objet  grâce au quadrillage de la zone de 1 m de côté.

- Le décapage : retrait de la terre par couches de 2 cm d’épaisseur.

- Le relevé des coordonnées de l’objet : référencées dans un carnet de fouille avant son analyse.

- Le traitement des objets : qui consiste à les laver, les sécher et les marquer.

- Le Tamisage et le tri des terres entourant les objets afin d’éliminer toute trace d’argile et de récupérer les os et les dents des micro vertébrés…

- Coupe stratigraphique : les objets archéologiques sont représentés sur des coupes réalisées à partir des limites des carrés de fouille et l’étude des prélèvements de sédiments et de carottages.

Le savez vous ?
© Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret © CG 06

L’os frontal d’un Homo erectus. Individu âgé de moins de 25 ans. Ce fossile baptisé Akidaya était situé dans une couche archéologique datée de – de 170 000 ans.

Un fragment de crâne vieux de 170 000 ans a été mis au jour dans la grotte du Lazaret le 23 août 2011 par la paléontologue Marie Antoinette De Lumley.

L’analyse de ce crâne prouve qu’il s’agit d’un homo erectus, le dernier identifié jamais retrouvé en Europe. Cet os frontal a été retrouvé parmi des ossements d’animaux ce qui pourrait attester une pratique de cannibalisme selon les fouilleurs.

Énigme
Comment reconstituer le mode de vie des grands chasseurs du Paléolithique, leur environnement et dater la période d’occupation de la grotte ?

Objets d’études en relation

© Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret © CG 06

Mandibule de cerf. Les hommes du Lazaret chassaient principalement le cerf, abondant dans l’environnement immédiat de la grotte.

© Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret © CG 06

Biface à biseau terminal. Les hommes utilisaient les bifaces pour trancher et dépecer la viande.

© Laboratoire Départemental de Préhistoire du Lazaret © CG 06

Une partie de la stratigraphie de la grotte du Lazaret. Les prélèvements de sédiments et les carottages permettent l’étude de plusieurs disciplines scientifiques (stratigraphie, géochimie, paléomagnétisme…).

Parcours culturel

  • Parcours Histoire des Arts : Le site de Terra Amata, la grotte du Vallonnet.
  • Parcours géographique : Musée de Préhistoire régionale de Menton ; Museo Civico de Cuneo (Italie).
  • Parcours intellectuel et sensible : Un parcours sur les musées (Musée de Terra Amata, Musée de Préhistoire régionale de Menton, Musée des Merveilles) est possible pour approfondir l’évolution de l’Homme depuis la Préhistoire.

Thématiques en Histoire des arts

La grotte du Lazaret est interrogeable par différentes thématiques, en particulier(pour le collège) : Arts, espace, temps

DISCIPLINES

Niveau Axes des programmes

Partie du Programme

Connaissances

Propositions d’activités Compétence mobilisée

Thème de convergence :

Les représentations de la préhistoire dans la région niçoise

3e Histoire Géographie - Retracer l’histoire de la région à partir de preuves et de documents historiques.

- Rendre par écrit les résultats d’une recherche sur le terrain.

- Mettre en œuvre un raisonnement pour reconstituer le mode de vie des chasseurs Acheuléens au Paléolithique inférieur à partir des observations.

Culture humaniste :

- Connaître et expliquer les principales caractéristiques sociales, culturelles des sociétés ou des civilisations étudiées.

5e Sciences de la vie et de la terre

Géologie externe : évolution des paysages :

- Les roches sédimentaires peuvent contenir des fossiles : traces ou restes d’organismes ayant vécu dans le passé.

- Les observations faites dans les milieux actuels, transposées aux phénomènes du passé, permettent de reconstituer certains éléments des paysages anciens.

 - Les roches sédimentaires sont donc les archives des paysages anciens.

- Observer, recenser et organiser des informations pour identifier les éléments significatifs de la grotte du Lazaret.

- Exprimer par écrit les résultats d’une recherche sur le terrain.

- Mettre en œuvre un raisonnement pour reconstituer un paysage ancien à partir des observations.

- Exploitation des fossiles pour établir l’histoire géologique et environnementale de cette région au Paléolithique inférieur.

 

 

Culture scientifique et technologique :

Raisonner et argumenter par une démarche d’investigation à partir des données du terrain et de documents divers.

Culture scientifique et technologique

3e

Évolution des organismes vivants et histoire de la Terre :

Les roches sédimentaires, archives géologiques, permettent de reconstituer l’histoire de groupes d’organismes vivants.

- Déterminer les fossiles des groupes d’animaux ou de végétaux retrouvés dans les strates.
5e Sciences physiques - L’eau est omniprésente dans notre environnement.

-Évoquer le climat de l’époque à partir des indices retrouvés.

-Thème de convergence : Climatologie

6e Mathématiques - Manipulation des ordres de grandeur (date, durée, surfaces, volumes …)    Les principaux éléments de Mathématiques

QUESTIONNEMENT

Pictural Historique Narratif
Introduction au programme d’histoire Sortie sur le terrain pour découvrir le site de la Grotte et situer cette période sur une frise chronologique Réaliser un carnet de visite,
- convoquant la prise de notes, de croquis,
- aboutissant à un regard collectif sur la visite et les éléments retenus.
Géologie externe: évolution des paysages Sortie et exprimer à l’écrit les résultats de la sortie

Bibliographie / Sitographie générales

- Institut des fouilles de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes Maritimes

Bulletins et Mémoires n°2 (Année 1929 à 1952).

- Ouvrage « La grotte du Lazaret » Henry de Humley et ses collaborateurs, Editions Edisud

- « Un homo erectus tardif à Nice » Article du Monde, Samedi 27 août 2011

- TDC Les origines de l’homme N° 856 15 Mai 2003

Activité pédagogique

Les représentations de la préhistoire dans la région niçoise

Niveau : Troisième

Les élèves ont besoin des acquis du niveau primaire en ce qui concerne la préhistoire, des niveaux de 5ème et de 6ème  .

Objectif : Montrer que la préhistoire est une science pluridisciplinaire dont la documentation permet de reconstituer tous les aspects de la société de chasseurs qui séjournait dans la grotte du Lazaret au Paléolithique inférieur.

A partir des travaux réalisés dans la grotte du Lazaret par les chercheurs, on montrera le caractère minutieux de la recherche et ainsi on expliquera comment l’archéologue construira la connaissance en fouillant, en répertoriant, en analysant tous les vestiges visibles afin de reconstruire le mode de vie des chasseurs Anténéandertaliens qui vivaient dans la grotte pendant l’Acheuléen final.

De nombreux spécialistes participent à la construction du savoir :

Géologues, physiciens, anthropologues, biologistes, historiens …

Il serait intéressant de cibler les domaines les plus fiables par rapport à d’autres pour développer l’esprit critique des élèves leur montrant ainsi que la science n’est pas figée.

Connaissance : reconstituer un paysage ancien  et le mode de vie des hommes Anténéandertaliens du Paleolithique inférieur  qui ont séjourné dans la grotte du Lazaret.

Compétences mobilisées  « La culture humaniste » et « Les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique »

Capacités :

  • Observer, recenser et extraire les informations utiles à partir de documents et lors de la sortie sur le terrain.
  • Mettre en place une démarche d’investigation transdisciplinaire (SVT et Histoire-Géographie)
  • Présenter et expliquer sous la forme d’un texte scientifique la démarche de résolution.

Attitudes :

  • Sens de l’observation.
  • Esprit critique.
  • Intérêt de la mémoire collective.

 

Séance 1 : Problématisation

-       Situation déclenchante : « Un homo erectus tardif à Nice » Article du Monde, Samedi 27 août 2011 (en annexe)

-       Recueillir les représentations initiales des élèves.

Formulation de problème : Comment reconstituer le mode de vie des grands chasseurs du Paléolithique, leur environnement et dater la période d’occupation de la grotte ?

-       Elaboration d’hypothèses à partir de documents historiques et de photos d’ossements retrouvés dans la grotte.

La sortie sur le terrain permettra d’étayer les hypothèses formulées et de reconstituer le mode de vie d’Homo Erectus dans son environnement.

 

Séance 2 : Investigation

-       Documentation fournie par l’enseignant

-       Visite de la grotte avec le chercheur :

Techniques de fouilles préhistoriques, observation des artefacts retrouvés.

-       Recueil des informations données par le chercheur

 

Séance 3 : Structuration en classe en collaboration avec le professeur d’histoire-géographie et de SVT

-       Analyse des résultats recueillis, interprétation, mise en relation des résultats obtenus avec l’hypothèse de départ.

-       Conclusion : connaissance scientifique et historique construite.

Résultats de l’investigation :

Il y a 160 000 ans, la grotte offrait un environnement ouvert, composé d’une steppe herbacée ponctuée de pins sylvestres et de genévriers. A proximité, il y avait une forêt méditerranéenne de chênes verts, et d’oliviers où le gibier était abondant et varié.

Les traces d’ossements et de foyers découverts  prouvent que l’homme a séjourné à plusieurs reprises dans la grotte durant l’Acheuléen.

Ces hommes Anténéandertaliens, provenant de la Ligurie occidentale chassaient de préférence le cerf et le bouquetin, occasionnellement les aurochs, les lapins et les oiseaux…

Une source jaillissant d’une galerie karstique leur fournissait l’eau douce et les feuilles de posidonies rejetées sur la grève leur servaient à confectionner des litières et alimenter le foyer.

Les galets de calcaires marneux étaient utilisés comme percuteurs ou taillés comme outils : les bifaces lancéolés. Les petits outils dominés par les racloirs et les pointes sont en calcaire silicifié.

Annexe

« Un homo erectus tardif à Nice » Article du Monde, Samedi 27 août 2011

On ne s'attendait vraiment pas à découvrir un fragment humain de 170 000 ans !" Sébastien Lepvrau et Ludovic Dolez, étudiants en archéologie, sont encore émerveillés par leur découverte, à Nice, durant l'après-midi du 13 août, au coeur de la grotte du Lazaret. Ce site du paléolithique inférieur a été occupé entre - 200 000 et - 130 000 ans par des anténéandertaliens.

Soulignant que la mise au jour de cet os frontal est un "travail collectif" estival, de jeunes fouilleurs bénévoles, étudiants, stagiaires, Ludovic Dolez raconte. Ils ont tout d'abord décelé un fragment d'os dépassant légèrement du sol : "Nous avons gratté afin de voir jusqu'où cela allait. On a pensé rapidement à un crâne en raison de la taille, du moulage du cerveau et des cloisons nasales."
Tous les stagiaires se sont précipités dans le laboratoire afin de voir les planches d'anatomie comparées : "Nous étions quasiment sûrs que le fragment était humain, témoigne Sébastien Lepvrau. Nous sommes retournés dans la grotte pour vérifier. Et là, ce fut l'euphorie !"
Cette découverte préhistorique majeure a été baptisée Lazaret 24 (comme le nombre de fragments humains exhumés sur ce site en cinquante ans). Les premières fouilles réalisées par le docteur Alexis Naudot datent de 1842. Déjà, à cette époque, cet amateur avait signalé la présence de restes humains. Les fouilles se sont succédé. Depuis 1962, les équipes du professeur Henri de Lumley, paléontologue, travaillent dans cette grotte.

Depuis, 2,40 m de terre ont été minutieusement grattés et tamisés et 40 000 découvertes ont été étiquetées et analysées sur place, en particulier des ossements humains dont des morceaux de fémur, des dents. La dernière découverte humaine dans la grotte en 2009 est une molaire de lait d'un enfant.

Découvert le 13 août, au milieu de nombreux ossements d'animaux, dans cette grotte qui servait de halte de chasse ou de campement, l'os frontal a été extrait de terre le 23 août par la paléontologue Marie-Antoinette de Lumley, en présence du député et maire de Nice, Christian Estrosi. Celui-ci a estimé, à propos de cette découverte et de sa politique municipale, que " Nice peut devenir un lieu de référence sur l'histoire de l'humanité".
Mais revenons à la science : "Ce chasseur nomade de la Côte d'Azur, un homme ou une femme, avait moins de 25 ans au moment de sa mort, car les sutures dentelées de l'os frontal ne sont pas encore soudées. Il présente un large espace entre les orbites, un bourrelet discontinu au-dessus des orbites, avec une dépression au-dessus du nez dite glabellaire", estime Mme de Lumley.

Cette dépression établit qu'il s'agit d'un Homo erectus, le dernier identifié jamais retrouvé en Europe, confirme le professeur Henry de Lumley, directeur des fouilles du Lazaret. "Ce site apporte la preuve qu'Homo erectus vivait encore en Europe à cette époque-là. Cela va permettre de mieux comprendre, en cette période charnière du paléolithique, comment on a glissé sur les rivages de la Méditerranée, à Nice, vers l'homme de Neandertal."
L'un des fouilleurs, Ludovic Dolez, a été intrigué par la présence de cet os frontal parmi des ossements d'animaux, fracturés, des débris de cuisson d'os brûlés. Ce crâne pourrait-il attester une pratique du cannibalisme, s'est-il demandé ?

Une hypothèse que n'écarte pas Marie-Antoinette de Lumley, selon laquelle cet Homo erectus a peut-être été dévoré par les siens, "sans doute dans le cadre d'un rituel afin d'en acquérir les connaissances, les vertus". Les 23 autres fragments humains découverts dans la cavité depuis cinquante ans laissent apparaître des traces de dépeçage et de carbonisation. Cela renforce l'hypothèse du cannibalisme chez ce groupe de chasseurs, dont la nourriture principale était les animaux.

Cette découverte a suscité l'intérêt de nombreux chercheurs étrangers. Certains ont demandé des moulages très précis du crâne. "Nous allons l'étudier sous toutes les coutures afin de le faire parler", ironise le professeur de Lumley.

Paul Barelli - Nice Correspondant