La Villa E1027, fiche pédagogique Villa E1027, fiche pédagogique

Une villa blanche, située à proximité de la mer, construite sur un terrain en pente aménagé en terrasses. La villa s’intègre parfaitement à son cadre naturel sans rien altérer.

La villa adopte un plan en L sur deux niveaux, pour une surface de 160m².  L’étage principal est un rez-de-chaussée surélevé, supporté par des pilotis, et ouvert sur l’extérieur par de grandes baies vitrées, ouvrant sur un balcon courant le long de la façade.  Sur cet étage se regroupent les « espaces à vivre » de la villa ; un séjour composé d’une entrée, d’un espace « à manger », d’une niche pouvant se transformer en chambre à coucher.  Les parties privées sont constituées d’une chambre à coucher-boudoir, d’une salle de bain et d’une cuisine isolée, afin d’éviter les mauvaises odeurs.

L’étage de soubassement, adossé au terrain en pente, est composé d’une chambre d’invités et une chambre de bonne avec des dispositions indépendantes. 

L’ensemble se superpose en un bloc compact, relié par un escalier en spirale qui se termine sur le toit-terrasse de la villa.

Visuellement, la villa fait penser à un bateau, coursive, bastingage de toile, bouée de sauvetage, cage de verre sur le toit qui s’illumine la nuit comme un phare.

Dépourvue de décorations à l’origine, l’intérieur de la villa fut orné de huit peintures murales réalisées par Le Corbusier en 1938  lors d’un séjour à la villa avec sa femme. Seules cinq fresques sont encore visibles aujourd’hui.

Chagall représente la scène de l’hospitalité d’Abraham, sous les chênes de Mamré : trois hommes (anges), sont accueillis à la table d’Abraham et de son épouse, Sarah. Ceux-ci sont frappés d’étonnement par l’annonce de la naissance prochaine de leur enfant Isaac, à leur âge avancé.

La composition du tableau repose sur l’horizontal du banc au premier plan. Elle est rythmée par le jeu de verticales des figures. Si la place centrale des anges attablés reste un invariant du motif iconique, l’étonnement de Sarah et Abraham, repoussés sur la gauche, apporte une expressivité à la scène.

Reprenant à son compte les œuvres sacrées médiévales, Chagall ajoute des épisodes en échos à son propos central. Sur la partie haute de la toile est évoquée la fuite d’Ismaël dans le désert, conséquence de la naissance d’Isaac. Dans une bulle en haut à droite est représentée l’annonce, par les trois anges, de la destruction de Sodome et Gomorrhe, à un Abraham au regard stupéfait.

La villa E 1027 a été conçue par la designer et architecte irlandaise Eileen Gray (1878-1976) pour son ami Jean Badovici (1893-1956). Jean Badovici cherchait un lieu au bord de la Méditerranée où s’installer et construire une maison pour les vacances. C’est Eileen Gray qui choisit un terrain sur le site du Cap Martin à Roquebrune. L’endroit est isolé, sauvage et inaccessible en voiture.

Eileen Gray commence à travailler à  partir de maquettes et de plans, elle étudie scrupuleusement la topographie du terrain, tient compte de la trajectoire du soleil et de l’exposition au vent.

Le projet est baptisé E 1027, codant les deux noms des de Eileen Gray et Jean Badovici : E pour Eileen, 10 pour le J de Jean, la 10^ème lettre de l’alphabet, 2 pour le B de Badovici et le 7 pour le G  de Gray.

La construction de la Villa commence en 1926 et durera jusqu’en 1929. Pour son premier projet architectural, Eileen Gray suivra et supervisera quotidiennement le chantier de la villa. Elle sera assistée de Jean Badovici dans la conception et la construction de la villa.

Designer renommée, installée à Paris depuis 1906, Eileen Gray commence à s’intéresser à l’architecture au début des années 1920, encouragée par son ami Jean Badovici rédacteur en chef de la revue l’Architecture Vivante, elle étudie et s’imprègne du travail des architectes d’avant-gardes, initiateurs du mouvement moderne, elle visite les bâtiments de Gerrit Rietveld, Walter Gropius en Hollande, elle entre en contact avec les architectes Robert Mallet-Stevens, Theo Van Doesburg et Le Corbusier.

E 1027 assimile les théories de ce courant Moderniste,  Eileen respecte les 5 points de l’architecture moderne énoncés par Le Corbusier,  s’appuie sur les avancées technologiques comme le béton armé pour créer de nouvelles formes architecturales, adaptées à un nouveau mode de vie moderne.

Cependant Eileen Gray cherchera à compenser les conceptions de l’aménagement intérieur du Mouvement Moderne jugées parfois froides et deshumanisantes, par une recherche de confort et d’intimité, dont l’objectif premier est d’offrir à l’habitant une atmosphère propice au bien-être et à l’épanouissement de sa vie intérieure, selon le principe « un minimum d’espace, un maximum de confort ».

Architecture, aménagement intérieur et mobilier sont pensés et conçus comme une œuvre unifiée.