Parcours Picasso et la Côte d’Azur

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Introduction

Picasso est né en Espagne, mais a passé la plus grande partie de sa vie en France. D’abord à Paris, avec ses amis cubistes, entre autres créateurs ; puis sur la Côte d’Azur à l’instar de Matisse et Bonnard. Enfin, il a investi le Château de Vauvenargues, au pied de la Sainte-Victoire, si chère à Cézanne.

La Côte d’Azur, lieu de villégiature

Pablo né Ruiz Blasco le 25 octobre 1881 à Malaga en Espagne, vit la plus grande partie de sa vie en France. Il vient à Paris pour la première fois en 1900 avec son ami Casagemas, et s’installe définitivement en 1904 au Bateau Lavoir. Il y rencontre Guillaume Appolinaire qui deviendra un de ses grands amis, et son témoin de mariage avec Olga Kokhlova en 1907. Il passe ses premières vacances sur la Côte d’azur en 1919. Il séjourne alors à Saint-Raphaël  et Juan-les-Pins avec Olga.  Là, il peint de nombreuses natures mortes cubistes, que l’on voit disposées devant des fenêtres ouvertes sur la mer. En 1923 il revient à Antibes et peint Flûte de pan. On observe dans ses peintures un certain retour au classicisme. Il passe les étés suivants à l’Hôtel du Cap à Juan-les-Pins et Monte-Carlo avec les Ballets russes (Olga est danseuse). En 1936 il découvre Mougins et Vallauris.

Antibes et la Méditerranée, un an de création intense

Il revient 10 ans plus tard à Antibes, mais cette fois pour toute une année. En effet, il s’installe pour un an au Château Grimaldi, invité par Dor de la Souchère, conservateur du musée d’archéologie grecque, et replonge dans ses racines méditerranéennes.

Musée Picasso Antibes

Le musée Picasso est installé dans le château Grimaldi à Antibes. Le lieu est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1928. Aujourd’hui, outre les œuvres de Picasso, le musée présente une importante collection d’art moderne et contemporain, ainsi que de fréquentes  expositions temporaires.

Cette année de création deviendra le fonds de l’actuel musée Picasso d’Antibes. On retiendra notamment de cette période un immense bonheur partagé avec Françoise Gilot, la naissance de deux enfants et l’exploration de matériaux nouveaux tels le fibrociment, le contre-plaqué, le ripolin… de nombreuses œuvres comme, 

Une oeuvre de Picasso : La joie de vivre, Musée Picasso, Antibes

Au mois d’août 1946, Picasso réside à Golfe-Juan, il dessine des scènes mythologiques, faunes, centaures et nymphes. Dans l’atelier qu’il occupe au second étage du Château Grimaldi à partir de la mi-septembre jusqu’à la mi-novembre, il peint faunes, satyre, centaure  et plus particulièrement La Joie de vivre.

Une oeuvre de Picasso : Ulysse et les sirènes, Musée Picasso, Antibes

En juin 1947, le conservateur du musée d'Antibes, Romuald Dor de la Souchère, commande une œuvre à Pablo Picasso pour la salle d’honneur du Château Grimaldi. Celui-ci assemble trois plaques de fibrociment et peint à plat sur le sol du second étage du musée et réalise Ulysse et les sirènes en trois jours.

, le grand nu vert… La chouette, les motifs de la mer, le faune et autres figures de la mythologie grecque sont alors les thèmes récurrents de son œuvre.

Vallauris, céramique et linogravure, peinture et sculpture

Au cours de cette année prolifique il découvre le travail de Suzanne Ramié à

L'Atelier Madoura, Vallauris

Madoura est le nom d’un atelier de céramique créé en 1938 par Suzanne Douly et Georges Ramié à Vallauris. L’atelier Madoura accueille, dès les années 1940 de nombreux artistes. L’atelier Madoura reste célèbre pour sa prolifique collaboration avec Picasso. Il  contribua également par ses propres créations artistiques, à l’évolution et au renouveau de la céramique de Vallauris.

de Vallauris. En 1947, il commence avec elle ce qui sera une fructueuse collaboration et qui donnera naissance à près de 3 600 céramiques. Dès 1948, il achète la Villa la Galloise à Vallauris, et va vivre dans ce village de potiers de belles et riches années.

En 1949, il achète au Fournas d’anciens  dépôts  de parfumeurs pour en faire son atelier. Là, il créera de nombreuses peintures : Massacre en Corée, Les fumées de Vallauris, Portraits de Sylvette, mais aussi de nombreuses sculptures-assemblages : La femme enceinte, La chèvre, La guenon et son petit, La petite fille sautant à la corde, avec  des matériaux pris à la décharge du « Gros pin » de Vallauris. Il se consacre également à la gravure et au dessin. Toutes les formes d’art le passionnent. Enfin, cette même année, il décide de faire installer sur la place du marché, sa statue en bronze de l’Homme au mouton (réalisée dans son atelier des Grands-Augustins à Paris en 1942 – C’est déjà une vision de Guerre – elle est offerte à la Ville de Vallauris en 1949). Pour le remercier, les Vallauriens l’élisent citoyen d’honneur. C’est sa première sculpture exposée dans un lieu public. Elle y demeure puisque Picasso souhaitait qu’elle fasse partie de la vie des gens. Picasso vit à Vallauris en relation étroite avec les potiers et les habitants de la ville. L’été, il organise des corridas, de grands défilés de musique. Il réalise grâce à la technique de la linogravure qu’il découvre en 1954 avec Hidalgo Arnera les affiches pour « les expositions de peintures, poteries et parfums » du Nerolium (leur collaboration durera jusqu’en 1967). C’est dans le film de Robert Mariaud intitulé « Terre et flammes,Vallauris cité de la poterie et la fleur d’oranger  » (1952) que l’on peut voir Le maître évoluer dans Vallauris, et constater combien il a contribué à l’essor de la ville. En effet, à sa suite tous les artistes de la Modernité : Léger, Chagall, Matisse, Brauner, Prinner … sont venus s’essayer à cet art nouveau que pouvait être, la céramique, et ont conféré à la ville une aura internationale. En 1952, il se lance dans un projet monumental et engagé : il souhaite installer un « Temple pour la Paix » dans la chapelle de l’ancien prieuré médiéval de Vallauris. Il peint alors un décor de plus de 100 m2 au ripolin sur isorel. L’œuvre s’appelle aujourd’hui 

Le musée national Pablo Picasso La Guerre et La Paix, Vallauris

En 1952, à Vallauris, Picasso réalise une peinture - La Guerre et la Paix - de très grandes dimensions. Cette œuvre conserve une dimension indéniablement allégorique.

L' œuvre de Picasso est installée dans la chapelle du château de Vallauris en 1959.

 et est devenue un musée national. Picasso faisant feu de tout bois et touchant à toutes les formes artistiques, il fait éditer cette même année une pièce de théâtre : « Les quatre petites filles ». En 1955, Jacqueline Roque qu’il a rencontrée à l’Atelier Madoura, entre dans sa vie. Ils s’installent à Cannes, quartier de la Californie. Picasso réalise souvent son portrait. Comme à son habitude il multiplie supports et techniques, mélange les genres et donne naissance à des formes d’art inédites telles la linocéramique (technique hybride inspirée du travail de la céramique et de la linogravure …). La même année il est la vedette du film de Henri-Georges Clouzot 

Mystère Picasso, film et affiche

En 1955, Pablo Picasso est un peintre mondialement célèbre, et Henri Georges Clouzot un cinéaste français renommé. Picasso et Clouzot désiraient faire un film ensemble. Clouzot eut l'idée de filmer le support pictural par l’arrière, il pouvait donc voir naître la création par transparence et la capter. Ce film a été tourné aux Studios de la Victorine à Nice.

 tourné dans les studios de la Victorine à Nice. Grâce à un dispositif spécifiquement élaboré pour le tournage, on voit le dessin se produire sous nos yeux. Le spectateur est « dans la tête » de Picasso, et assiste à l’acte créateur !

Entre mer et montagne, entre Matisse et Cézanne

Puis il achète le château de Vauvenargues (1958), au pied de la Sainte-Victoire, célèbre motif de Cézanne, père de la peinture moderne. En 1961 il se marie avec Jacqueline à Vallauris. Le couple déménage à Notre-Dame-de-Vie à  Mougins.

Picasso y meurt le 8 avril 1973 et sera enterré dans sa propriété de Vauvenargues, au pied de la Sainte-Victoire. Sur sa tombe on peut voir la sculpture qu’il avait réalisée en 1937 avec Guernica pour le pavillon espagnol de l’Exposition Universelle.

Fin d’un artiste de génie, boulimique de travail, qui voulait tout « trouver », tout expérimenter, créer, recréer sans cesse.

Bibliographie

DAVILA (Th.) « Pablo Picasso », in 1918-1958, La Côte d’Azur et la Modernité, éd. RMN, 1997

DAIX (P.), Dictionnaire Picasso, éd. Robert Laffont, 1995

Catalogue d’exposition : L’Homme au mouton, Picasso, éd. RMN 1999

Catalogue d’exposition : Picasso à Vallauris, linogravures, éd. RMN 2001

Catalogue d’exposition : Picasso, céramiste à Vallauris, pièces uniques, éd. Chiron, 2004

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