L'architecture baroque
dans les Alpes-Maritimes

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Le Baroque est un style caractérisé par la liberté des formes et la profusion des ornements. Le nom de baroque vient du portugais barroco qui signifie « perle irrégulière ». Entre 1620 et 1780, dans tout le Comté de Nice, le Baroque se manifeste dans l’architecture religieuse, civile et dans l’urbanisme.

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Palais Lascaris, Nice

Sanctuaire de Laghet, La Trinité

Monastère de Saorge

Chapelle de la Miséricord, Nice

Eglise Notre-Dame-de-l'Assomption, Saint-Martin-Vésubie

Eglise Saint-François-de-Paule, Nice

Cathédrale Sainte-Réparate, Nice

Chapelle du Saint-Sépulcre, Nice

Le Baroque

Le Baroque est un style caractérisé par la liberté des formes et la profusion des ornements. Le nom de baroque vient du portugais barroco qui signifie «perle irrégulière». Il a été donné au XVIIIe siècle pour qualifier cet art irrégulier, qui ne correspond pas aux formes classiques. Il se développe dans les pays catholiques. La Réforme protestante attire de plus en plus de Chrétiens et l’Église cherche une nouvelle forme d’art pour montrer sa puissance et toucher ses fidèles. L’art baroque veut frapper les gens, les surprendre : les œuvres sont de grande taille, leurs formes sont compliquées. De nouvelles couleurs et de nouveaux matériaux sont utilisés.
Les artistes choisissent des sujets dramatiques qui vont toucher l’émotion du spectateur, comme les martyrs des saints avec leur mort douloureuse.
 L’art baroque apparaît en premier dans l’architecture.
 L’Église catholique et les grandes familles italiennes commandent des palais, des églises, des fontaines. Ce nouvel art triomphe dans la ville, aux yeux de tous.

Entre 1620 et 1780, dans tout le Comté, mais surtout à Nice, seule ville de réelle importance, le baroque se manifeste dans l’architecture religieuse, civile et dans l’urbanisme. C’est l’arrivée de l’armée révolutionnaire française en 1792 et les troubles armés qui s’ensuivirent qui mirent un coup d’arrêt à cette vie artistique. Toutefois, l’art baroque connut quelques résurgences au XIXe siècle, avec l’achèvement de plusieurs façades d’églises, notamment celle de la cathédrale ou encore du Gésu à Nice.

Le Baroque religieux

Les ducs de Savoie furent d’ardents défenseurs de la foi catholique et ils accueillirent largement les Jésuites auxquels ils confièrent le monopole de l’enseignement dans leurs états. C’est ainsi qu’ils s’établirent à Nice au début du XVIIsiècle, rapidement suivis par d’autres ordres, tels que les Dominicains, les Franciscains ou encore les Clarisses. Et en moins d’un siècle, une douzaine d’établissements religieux firent leur apparition dans la ville. À cela s’ajoutèrent des nouvelles confréries de laïcs, et d’autres plus anciennes groupant des Pénitents furent réactivées dans de nombreuses localités. Parallèlement, pour adopter la liturgie rénovée par le Concile de Trente, de nouveaux édifices religieux apparurent et beaucoup d’églises médiévales furent remaniées.  

Ces édifices adoptent les nouveautés de l’art baroque, dans le plan, la conception des façades ou encore la position des clochers. Les façades dans l’ensemble sont sobres mais quelques-unes montrent un effet de composition comme à Sospel, l’Escarène ou Menton. Au XVIIe siècle, le plan à nef unique et chapelles latérales sans transept avec abside rectangulaire ou en hémicycle sur le modèle du Gésu à Rome est le plus utilisé. On le trouve par exemple au Gésu de Nice édifié par André Guibert, à Saint-Martin-Vésubie, à la chapelle des Franciscains de Saorge, etc.  

A l’intérieur de ces églises, toujours sur le modèle du Gésu à Rome, les pilastres cannelés qui scandent le vaisseau et portent l’entablement créent un effet grandiose. Les fenêtres hautes laissent entrer une lumière diffuse, maintenant dans l’ombre les chapelles latérales. La richesse de la décoration polychrome, l’abondance des sculptures et motifs décoratifs de stucs compensent l’absence de richesse des matériaux. Les exemples sont nombreux, de l’église paroissiale de l’Escarène à la chapelle des Pénitents blancs à Nice.  

L’église Saint-Pierre de l’Escarène

Très bel exemple de baroque nisso-ligure, l’église de l’Escarène constitue, avec les deux chapelles de pénitents qui la jouxtent de part et d’autre, un ensemble monumental remarquable. Le discours architectural d’une grande simplicité s’accompagne d’un riche décor  - stucs, reliefs, statues, fresques …-  et se fonde sur un rythme ternaire, évocateur de la Trinité.

Le Monastère de Saorge

Fondé en 1633, ce couvent de Franciscains s’est peu à peu enrichi de l’ensemble des bâtiments que l’on visite aujourd’hui. La commune a largement soutenu l’installation des frères en leur mettant à disposition la chapelle Saint-Bernard, en leur cédant en 1648 un terrain attenant, enfin en leur attribuant une aide financière en 1661 pour achever l’église conventuelle.

Comme le monastère de Cimiez, le monastère de Saorge rappelle, par son architecture, les couvents construits au XVIIe siècle en Ligurie et dans le sud du Piémont : les bâtiments sont ordonnés autour d’un cloître rectangulaire, l’église occupe le côté nord et elle s’ouvre en façade sur un porche de trois travées, surmonté d’une terrasse.

A l’intérieur, son plan rectangulaire avec sa nef unique se termine par un chœur plus étroit à chevet plat. L’ensemble fait preuve d’une grande sobriété.

En 1794, les Franciscains durent abandonner le couvent, chassés par les révolutionnaires français qui l’occupèrent. Il fut ensuite affecté à l’Hospice communal puis rendu aux Franciscains en 1824. Ils y demeurèrent jusqu’en 1903, date de promulgation de la loi sur les congrégations. Puis le monument périclita jusqu’à son acquisition par l’État en 1967. Il accueille aujourd'hui des écrivains en résidence.

Le Baroque civil

Au XVIIe siècle, malgré les multiples conflits et les dévastations occasionnées par le passage des troupes, Nice se développe avec l’installation du Palais Ducal (actuel palais de la Préfecture mais largement remanié en 1824), de la Maison Communale (place Saint François), du sénat et des demeures aristocratiques. Dans l’esprit baroque, chacun des pouvoirs proclame sa légitimité à travers la façade monumentale de l’édifice qu’il occupe.   

Pourtant, à la fin de cette période, du fait de l’extension du système défensif de la colline du Château au XVIe siècle, la quasi-totalité de l’espace disponible intra-muros est occupée. C’est ce qui explique la pratique, fréquente chez les familles nobles, de procéder au regroupement d’habitations voisines afin d’agrandir leurs palais, à l’instar du Palais Lascaris.

De même, selon un usage antique, l’aristocratie niçoise résidait aussi dans ses propriétés de la campagne, souvent désignées sous le nom de « villas ». Ainsi la villa des Arènes de Cimiez, devenue le Musée Matisse, édifiée dans le dernier tiers du XVIIe siècle pour le comte de Gubernatis, président du sénat de Nice, s’inspire des villas génoises de l’époque avec ses décors en trompe-l’œil et ses façades qui reproduisent des motifs du XVIIIe siècle. Mais beaucoup d’entre elles ont disparu dans l’urbanisation moderne, comme celle des Caïs de Gilette sur la colline du Piol.

Finalement, contrairement à l’architecture religieuse, l’architecture civile a laissé beaucoup de témoignages incomplets ou dévoyés du fait des démolitions et dégradations postérieures. Il en est ainsi du Palais des Corvésy, place Saint Dominique, édifié au XVIIIe siècle à la faveur de l’agrandissement de la ville vers l’ouest, sur l’ancien « Pré aux oies » : si son remarquable portail surmonté d’un élégant balcon incurvé reste, le rythme de sa façade est perturbé par la rupture qu’a engendré son découpage en plusieurs immeubles d’habitations. 

 Le Palais Lascaris

Bâti à partir de 1657 pour une branche des Vintimille-Lascaris, le Palais Lascaris naquit de la réunion de quatre maisons voisines en ruine, entre la rue droite et le Ghetto. Il dut donc composer avec un tissu urbain contraignant. Le manque de recul pour apprécier sa façade est compensé par l’animation des balcons de marbre en saillie ornés de faunes grimaçants.

Passée la porte à l’encadrement de marbre et surmontée d’un fronton à volutes, le majestueux hall d’entrée ouvert sur une petite cour intérieure est décoré d’un trompe-l’œil figurant les armoiries de la famille Lascaris : l’aigle impérial à deux têtes rappelle le mariage du comte de Vintimille avec la fille de l’empereur de Constantinople, Théodore Lascaris, au XIIIe siècle. En empruntant l’escalier monumental orné de fresques et passé le premier étage réservé aux pièces de service, on accède à l’étage noble, organisé autour des deux ailes du palais avec d’un côté, les appartements de réception, de l’autre, les appartements privés.

Pillé par les troupes révolutionnaires en 1792, le Palais a retrouvé son éclat sous la forme d’un musée abritant des instruments de musique anciens.  

Bibliographie 

Sur l’histoire du Comté de Nice :

- Maurice Bordes (dir.), Histoire de Nice et du pays niçois, Toulouse, Privat, 1976, 488 p.

- Alain Ruggiero (dir.), Nouvelle histoire de Nice, Toulouse, Privat, 2006, 383 p.

- Ralph Schor, Histoire du Comté de Nice en 100 dates, Cannes, Alandis Éditions, 2007.

 Sur l’art baroque dans le Comté de Nice :

- Dominique Foussard, Georges Barbier, Baroque niçois et monégasque, Picard, Paris, 1988

- Christiane Lorgues-Lapouge, René Lorgues, Comté de Nice baroque, la Vallée de la Tinée (tome 1), Serre Editeur, 2004 

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