Stephen Liégeard : La naissance
de la Côte d’Azur

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La Côte d’Azur est un espace à géométrie variable. Pour certain, elle s’étend de Hyères à Menton alors que pour d’autres, elle se limite à la frange littorale du territoire des Alpes-Maritimes. Ce qui est certain, c’est que ce mot a été forgé par l’écrivain dijonnais Stéphen Liégeard (Dijon, 29 mars 1830 - Cannes, 29 décembre 1925), en 1887, par analogie avec le nom de son département d’origine, la Côte-d’Or, pour remplacer la dénomination « Riviera ».

cote d'azur
Stéphen Liégeard, le sous-préfet aux champs

François Stéphène Émile Liégeard, qui se fera appeler Stéphen, est né le 29 mars 1830, à Dijon. Son père Jean-Baptiste Liégeard exerçait la profession d’avocat et sera, par la suite, maire de Dijon de 1863 à 1865. Il réalise de brillantes études avant de s’inscrire, en tant qu’avocat, au barreau de Dijon où il gagne différents procès. Il soutient en 1857 sa thèse de doctorat en droit. Dès 1856, il entre dans l’administration, comme conseiller à la préfecture de Valence. Puis en 1859, il devient sous-préfet à Briey, en Meurthe-et-Moselle. C’est là qu’il rencontre et épouse Mathilde Labbé. Il poursuit sa carrière de sous-préfet à Parthenay, puis à Carpentras à partir de 1864. C’est là qu’il rencontre Alphonse Daudet. L’écrivain s’inspire de lui pour créer le personnage principal du conte Le sous-préfet aux champs, qui est pour la première fois publié dans L’Événement du 13 octobre 1866, avant de faire partie du recueil Les Lettres de mon moulin, qui paraît en 1869.

En 1867, Stéphen Liégeard entre en politique. Il quitte l’administration et se présente aux élections législatives à Briey, où son beau-père, Joseph Labbé, exerce une importante activité industrielle. Bonapartiste, il est élu député en 1867, puis est réélu en 1869. Fidèle à ses convictions, il abandonne la politique à la chute du Second Empire, le 4 septembre 1870 et s'inscrit à nouveau au barreau de Dijon. En parallèle, il se consacre à la littérature.

Liégeard partage alors son temps entre son appartement parisien, sa résidence dijonnaise, l'hôtel Legouz de Gerland et son domaine de Brochon. Mais il passe l'hiver à Cannes, villa des Violettes, dont son épouse a hérité, en 1875. Son importante fortune lui permet de construire, à partir de 1895, sur son domaine de Brochon, à proximité de Dijon, un château d’inspiration néo-renaissance.

En 1852, Stéphen Liégeard publie son premier recueil, Souvenirs de quelques soirées d'été, qui mêle poésie et courtes pièces de théâtre. En 1859, il publie des vers en l'honneur de Napoléon III : Les Abeilles d'or Chants impériaux. Entre 1866 et 1872, il réalise de nombreux séjours à Bagnères-de-Luchon, dont il décrit la société animée dans des pages brillantes, parues en 1874 : Vingt journées d'un touriste au pays de Luchon. Au début des années 1870, il livre un témoignage de sa vie politique avec Le crime du 4 septembre, publié en 1871 et Trois ans à la chambre, paru en 1873. Il poursuit parallèlement son œuvre poétique. Son ouvrage Les Grands cœurs est ainsi couronné par l'Académie française, en 1894.Stéphen Liégeard est membre, depuis 1891, de l'Académie de Dijon. En revanche, ses candidatures à l'Académie française se révéleront infructueuses. Il se présente en 1891 mais c’est Pierre Loti est élu. Puis, en 1901, mais cette fois-ci, c’est Edmond Rostand qui l’emporte. Son parcours dans l'odre de la Légion d'honneur est plus fructueux. Il est fait chevalier en 1866, officier en 1905 et commandeur en 1920.

Ce dandy est à la fois un personnage fastueux et un homme généreux et bon, comme en témoigne sa devise: « Il est beau d'être grand, être bon est meilleur. » Il se fait ainsi le mécène de nombreuses associations et institutions. Ainsi, il préside d’ailleurs la Société Nationale d'Encouragement au Bien de 1897 à 1921.

Stéphen Liégeard s'éteint à plus de quatre-vingt-quinze ans, le 29 décembre 1925, à Cannes. Il sera inhumé dans sa ville natale, Dijon.

La Naissance du mot Côte d’Azur

L'hiver, Stéphen Liégeard séjourne à Cannes et se plait à visiter la région. Un ami, l'académicien Xavier Marmier, l'incite alors à écrire le récit de ses séjours dans le sud. En 1887, c’est chose faite ! Il écrit en effet, dans son domaine de Brochon, son ouvrage le plus célèbre, La Côte d’Azur. Dans ce livre, il décrit les villes et les sites, de Marseille à Gênes, « de cette plage baignée de rayons qui mérite notre baptême de Côte d’Azur ». Pour forger ce terme, Liégard, le bourguignon, s’inspire de la dénomination du département de la Côte d’or.

Dès la fin de l’année 1887, Le Figaro signale « le succès déjà grand du livre », auquel l'Académie française décerna, en 1888, le prix Bordin.

Stéphen Liégeard publie, en 1894, une nouvelle édition de La Côte d'Azur, dans laquelle il constatait que le public avait adopté le terme qu’il avait forgé, et que les expressions de « Riviera française » ou de « Corniche » avaient largement régressé. Et il écrit dans l’avant-propos de cette version de l’ouvrage : « La Côte d'Azur ! Ainsi, du château d'If jusqu'aux palais de Gênes, s'intitule désormais le pays de la mer bleue, du soleil et des fleurs... Le dictionnaire s'est augmenté d'un mot. » La Côte d'Azur est devenue en effet la dénomination géographique de cette région, et une référence touristique qui conserve, après plus d'un siècle, sa jeunesse et sa renommée. Pourtant, le périmètre géographique désigné par ce vocable varie selon les auteurs.

Mais où est donc La Côte d’Azur ?

Pour Stéphen Liégeard, dans son livre, la Côte d’Azur va de Marseille à Gênes : « du château d'If jusqu'aux palais de Gênes ». De nos jours, les limites de la Côte d'Azur sont assez floues, surtout la limite occidentale.

Si les sources concordent sur la limite orientale, qui s’arrête à la frontière italienne (plus à l'Est on parle alors de Riviera), la limite occidentale varie beaucoup selon les auteurs. Certaines sources la limitent, à l'ouest, à la ville de Cassis et, à l'est, à Menton (à la frontière italienne). Dans ce cas, elle couvre entièrement le littoral des départements du Var et des Alpes-Maritimes et partiellement celui des Bouches-du-Rhône. Des guides touristiques la situent à Bandol, limitant la Côte d'Azur au littoral des départements du Var et des Alpes-Maritimes. Certains sites la font même partir de la ville d'Hyères. D'autres sources la limitent en pratique à Saint-Tropez. Enfin, le site officiel du tourisme de la Côte d'Azur restreint l'appellation « Côte d'Azur » à une large bande côtière du département des Alpes-Maritimes.

Ressources : La bibliothèque du Chevalier de Cessole

Les Spitalieri de Cessole, vieille famille niçoise, ont constitué leur bibliothèque sur trois générations : avec Hilarion (1776-1845) président du sénat de Nice, ont primé les livres de droit et d’archéologie, avec Henry (1810-1875) les éditions rares et bibliophiliques, enfin avec Victor (1859-1941), le régionalisme et la montagne.

Riche de milliers d’ouvrages, de manuscrits, d’incunables, de photographies anciennes, d’estampes, de cartes et de plans, de publications diverses sur l’histoire locale étendue à la Provence, à la Savoie, au Piémont et à la Ligurie, cette collection compte également la plupart des éditions rares des imprimeurs niçois.

Issue de la donation prestigieuse du Chevalier Victor de Cessole, cette bibliothèque fut inaugurée le 15 avril 1937.

Elle abrite également le centre de documentation du Musée Masséna, comprenant une importante collection d’ouvrages d’art et d’histoire qui couvre les thèmes de prédilection du Musée Masséna. (Le Second Empire et la Belle Epoque, les bronzes, la marqueterie, la sculpture, etc.)

La Bibliothèque et le Centre documentaire du Musée Masséna installés au troisième étage du Palais Masséna, sont ouverts à tous sur rendez-vous.

Bibliothèque du Chevalier de Cessole, Palais Masséna, 65 rue de France, 06000 Nice
Mail : biblio-cessole@ville-nice.fr
Tel : 04.98.911.950

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