Le carnaval de Nice

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Le carnaval de Nice est une fête traditionnelle qui remonte au Moyen Âge. Il est l’un des plus anciens et des plus célèbres carnavals au monde.
Se déroulant chaque année pendant le mois de février, il accueille des centaines de milliers de spectateurs qui viennent assister à la fête la plus emblématique de Nice.

Origines et significations du Carnaval

Le carnaval moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui est né dans l’Europe du Moyen Âge, mais trouve ses origines dans de très anciens cultes et rituels remontant à l’Antiquité.

En effet, on retrouve durant l’Antiquité de nombreuses fêtes durant lesquelles l’ordre établi est renversé, telles que les Sacées Babyloniennes, les Bacchanales, les Saturnales et Lupercales romaines.

Ces fêtes se déroulaient principalement à la fin de l’hiver pour célébrer le retour du printemps et l’éveil de la nature.

De ces traditions et rituels hérités de l’Antiquité, dérivent de nombreuses fêtes telles que la Fête des fous ou Fête des innocents et bien sûr Carnaval.

Peu à peu, ces fêtes païennes du « monde à l’envers », vont être canalisées par l’Église catholique et limitées au carnaval qui sera récupéré et intégré aux croyances et au calendrier chrétien.

L’origine étymologique de carnaval reste controversée. Une des principales hypothèses avancées1, provient du mot latin « carnelevar » qui signifie « enlève la chair » et fait allusion à la période où l’on consomme une dernière fois de la cuisine riche et copieuse avant d’entrer en Carême. Cette période festive avant l’entrée en Carême, se termine avec Mardi Gras, moment fort du carnaval.

De nos jours, la période de carnaval varie, selon les pays et les régions.
En Europe le carnaval est un moment fort des festivités hivernales, avec les carnavals de Venise, Bâle, Binche ou encore Santa-Cruz-de-Tenerife.
Carnaval est une fête également très répandue en Amérique avec le carnaval de Rio de Janeiro, ou de Trinidad.

1. D’autres hypothèses font référence à « Carrus Navalis », char naval sur lequel le dieu Dionysos atteignit les îles  grecques pour célébrer les fêtes données en son nom. 

Histoire du carnaval de Nice

La première mention retrouvée des divertissements carnavalesques à Nice remonte à l’année 1294. Les chroniques locales signalent alors la venue à Nice du Comte de Provence, qui vint dans cette ville « pour y passer les jours joyeux de carnaval ».

Au Moyen Âge, le carnaval est avant tout une fête populaire, il précède la période de Carême, qui s’accompagne de réjouissances ; mascarades, bals, feux de joie, farandoles et défilés.

Afin de maintenir l’ordre et d’éviter des comportements trop violents ou excessifs, les autorités civiles vont réglementer le cérémonial des fêtes. Ainsi, au XVIIe siècle, les « Abbés des fous » furent chargés par le clergé de contrôler les débordements de la liesse populaire.

Les principaux bals, ceux de la noblesse, des artisans, marchands et pêcheurs, se déroulaient alors tout près des centres de l’activité urbaine, dans l’actuel Vieux-Nice. Pour se rendre d’un bal à l’autre, il fallait être masqué et déguisé.

A partir du XVIIIe siècle, sous l’influence du carnaval de Venise, des bals masqués sont donnés dans des salons fermés, tels que les « Veglioni ».

A côté de ces bals somptueux donnés par l’aristocratie, des festins champêtres sont organisés dans les quartiers de la « périphérie» niçoise, avec les festins de Carême.

En 1830, le souverain sarde Charles Félix, séjourne alors à Nice pendant la période du carnaval. En son honneur et pour la première fois, un corso de gala est organisé sur le Cours Saleya. Près de 30 voitures et calèches défilèrent, annonçant le déroulement du carnaval « moderne ».

Dans les années 1860-1870, l’afflux touristique s’amplifie et le carnaval prend de l’ampleur. Nice devient la station hivernale de la haute société européenne. La fête bat son plein avec des batailles de projectiles divers, qui deviennent alors l’amusement essentiel des festivités carnavalesques ; fleurs, dragées, bonbons ou encore cigares pour l’élite, haricots peints, coquilles d’œufs remplies de farine, pois chiches, ou confettis de plâtre pour les moins riches. Ce n’est qu’en 1892 qu’apparaitront les confettis de papier.

 

En 1873, Andriot Saëtone, haut fonctionnaire de la Préfecture, prit l’initiative de créer un « Comité organisateur de carnaval », futur Comité des fêtes, composé de membres de la haute bourgeoisie niçoise et de riches hivernants qui avaient délaissé Nice et son carnaval au profit de la Riviera italienne, durant la période troublée de 1870-1871. Le comité fut chargé d’organiser les festivités de carnaval, avec défilés de chars, cavalcades, et distribution de prix.

En 1876, suite aux incidents qui émaillèrent l’édition du carnaval précédent,  la première Bataille de fleurs est créée. La fête fut scindée en deux cortèges: 

-       Les défilés carnavalesques, dans un style populaire avec batailles de confettis, dans le Vieux Nice

-       Les défilés de voitures fleuris sur la promenade des Anglais, où défilait l’élite de la société.

Le carnaval de Nice attire alors de nombreuses personnalités et têtes couronnées qui viennent assister aux festivités, et inspire la création de plusieurs carnavals à travers le monde, comme le carnaval de Rio au Brésil ou encore de la Nouvelle Orléans aux Etats-Unis. 

Les carnavaliers

Le terme  « carnavaliers » désigne les personnes qui réalisent et confectionnent les chars et autres « Grosses Têtes » qui défileront lors des corsi carnavalesques. Le statut et l’organisation des carnavaliers niçois ont évolué avec le temps. Au départ simples bénévoles appartenant aux corps de métiers issus pour la plupart du bâtiment, les carnavaliers se regroupèrent dès 1922 en associations. L’admission se faisait par voie de parenté. Ce système de succession excluait les femmes.

Contraints de se regrouper en sociétés professionnelles et ce depuis 1993, diminuant considérablement le nombre des familles de « carnavaliers », ils  répondent désormais à un appel d’offres de l’Office du Tourisme, (qui a succédé au Comité des Fêtes à partir de 1996), pour la conception de la vingtaine de chars qui défileront lors du prochain carnaval. 

Inspirations et univers carnavalesques

Le carnaval trouve son inspiration dans des motifs et thèmes traditionnels, allégories ou mises en scène de la nature et de son bestiaire, et bien sûr dans la satire et le pastiche des événements politiques, culturels ou économiques qui l’entourent. Carnaval reflète les modes, changements et évolutions de son temps. Il endosse les costumes d’une multitude de personnages, aussi bien historiques, politiques, mythologiques ou encore issus du folklore local et niçois. Parmi les thèmes puisés dans la mythologie carnavalesque, celui de l’imaginaire fantastique et diabolique, apparu dès 1875 avec le fameux char de la Ratapignata,  est particulièrement apprécié.

Cet univers carnavalesque a été notamment créé grâce aux grands « imagiers » du carnaval tels qu’Alexis Mossa et son fils Gustave-Adolf Mossa illustrant la mise en place progressive d’un panthéon de personnages, symboles et emblèmes propres à l’univers carnavalesque niçois.

Depuis 2000, l’Office du Tourisme fait appel aux dessinateurs de presses, caricaturistes, mais aussi jeunes créateurs pour être les nouveaux « imagiers » de carnaval, afin de créer les maquettes des chars qui défileront dans l’esprit du thème choisi, impulsant ainsi un nouvel élan créatif au carnaval.

La musique tient également une place primordiale dans l’univers carnavalesque, elle symbolise à la fois cette période de chaos, d’inversion qu’est carnaval, avec la musique des ténèbres ou « contre-musique » en relation avec la coutume du Charivari, mais également le retour à l’ordre retrouvé, à l’harmonie.

Mais l’univers carnavalesque niçois est également ouvert aux cultures du monde entier. L’influence des carnavals brésiliens, caribéens, ou latino-américains est particulièrement visible depuis ces dernières années. La participation au carnaval de Nice de groupes de salsa, ou encore d’écoles de samba permet de découvrir la richesse musicale et témoignent de la diversité du carnaval à travers le monde.

Le cortège carnavalesque

Depuis sa création, carnaval a changé plusieurs fois de cadre. Tour à tour fêté dans l’actuel Vieux-Nice, le parcours s’installa ensuite sur l’avenue de la Gare, actuelle avenue Jean Médecin. Depuis 2005, en raison de la création du tramway sur l’avenue Jean Médecin, l’ensemble des manifestations se déroulent sur l’axe Promenade des Anglais / Place Masséna.

Sa Majesté Carnaval arrive sur la Place Masséna le jeudi qui précède le premier week-end des festivités. Le cortège carnavalesque se compose d’une vingtaine de chars, dont les trois premiers sont ceux du roi, de la reine et de leur fils « Carnavalon ». Les chars sont accompagnés de près de 150 éléments d’animations, Grosses Têtes traditionnelles de carton pâte, mais aussi structures gonflables, ou sujets en plastazote, qui signent le renouvellement des techniques et matériaux de fabrications utilisés par les carnavaliers.

Au dernier soir, et comme le veut la tradition, sa Majesté Carnaval est brûlée sur un bûcher en mer ou sur la grève. Un feu d’artifice est tiré, marquant ainsi la fin des festivités qui se seront déroulées sur une quinzaine de jours. 

Liens et bibliographies

- Annie Sidro, Carnaval de Nice, Tradition et modernité, collection patrimoine, direction de la culture, Nice, 2001.
- Annie Sidro, Le Carnaval de Nice et ses fous, Nice, Serre Éditeur, rééd. 2008.

Histoire du carnaval :

- http://pedagogie.ac-toulouse.fr/daac/religieux/carnaval.htm

Site officiel du carnaval de Nice :

www.nicecarnaval.com

Carnaval dans le monde : 

http://www.langues.ac-versailles.fr/spip.php?article90

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