Le site antique de Vaugrenier, Villeneuve-Loubet

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Le site antique de Vaugrenier occupe une vaste dépression marécageuse en bordure du littoral, à 4 kilomètres au nord d’Antibes. Signalé dès 1708, le site a bénéficié de premières fouilles en 1964, puis dans les années 1970 Un programme de recherche, conduit par le Professeur Pascal Arnaud entre 1994 et 1997, a permis d’en comprendre l’histoire et l’organisation générale.

L’origine du site

Graffitis grecs sur tessons de céramiques campaniennes78 tessons portent des caractères grecs inscrits à la pointe sèche.

Dès le IIe siècle av. J.-C. existait à cet emplacement un sanctuaire massaliète lié à un culte grec dont seul subsiste le mobilier utilisé pour le rituel. Dans ces lieux sacrés, les fidèles pratiquaient repas ou libations dans des coupes qu’ils brisaient avant de les précipiter depuis une éminence après y avoir inscrit une dédicace où figuraient le nom du fidèle, sa filiation et le nom de la divinité.

Pris dans une couche de terre jaune, le mobilier retrouvé comprenait, outre un lot de tessons avec graffites, un ensemble de monnaies de bronze frappées par la cité de Marseille, plusieurs amphores ainsi que des vases modelés.

L’implantation romaine

L’aménagement global du site remonte à l’époque d’Auguste, dans les années 15-14 avant J.-C. L’emplacement d’Antibes, cité de la Gaule Narbonnaise la plus proche des peuples des Alpes-Maritimes récemment soumis, et à proximité de Vence, qui restait encore à conquérir, n’a sans doute pas échappé à l’empereur qui a jugé utile l’implantation de vétérans dans ce secteur peu attractif. La création de la voie Aurélienne et la construction d’un vaste temple sont les points forts du projet qui accueillera une population familiarisée à l’usage du latin, comme le révèle la découverte d’inscriptions peintes à l’intérieur de certaines boutiques. Inaugurée  vers 13-12 av. J.-C., la via Aurelia  complétait le tracé de la via Julia Augusta, arrivant d’Italie, et dont la création avait été rendue possible par la conquête des Alpes-Maritimes. La chaussée, constituée de cailloutis, était large de 6 m et bordée de trottoirs. Le sanctuaire gallo-romain était accessible par un escalier depuis la voie et entouré par trois galeries à colonnade. Le temple, lui-même, occupait le centre d’une vaste esplanade de 60 m de côté. Dans l’axe du temple, s’ouvrait une salle mosaïquée, en exèdre sous la galerie du fond. L’essentiel de la décoration du sanctuaire était en terre cuite. On ignore tout de la divinité à laquelle le temple était consacré.

 © Eric Delaval © CG 06

Vestiges du mur de façade du sanctuaire romain dans le parc départemental de Vaugrenier. L’accès à l’escalier central se situe au centre de la photo, derrière les blocs.

© musée d’Archéologie, Antibes © CG 06

Maquette du temple romain de Vaugrenier.

Le développement des activités

© musée d’Archéologie, Antibes © CG 06

Reconstitution partielle d’un métier à tisser.

Dans le même mouvement, des ateliers et des boutiques naissent le long de la voie. Le site a livré les témoignages assurés d’au moins deux activités artisanales : le travail de l’os et le tissage. Spécialisé dans la fabrication d’objets à partir d’os d’animaux, le tabletier a essentiellement besoin d’os longs des pattes (métapodes) prélevés sur des bovins. Chaque animal ne fournit que quelques centimètres utilisables. Le tabletier emploie peu d’outils : scie pour le débitage, ciseau et maillet pour les découpes longitudinales, perçoir ; pour réaliser les trous d’aiguilles par exemple et polissoirs de pierre pour les finitions. Les objets produits sont très usités : pions de jeu, épingles, aiguilles, dés, éléments de marqueterie… Le tissage nécessite l’utilisation d’un métier qui peut être vertical ou horizontal. La fouille a livré plusieurs dizaines de pesons de tisserands en terre cuite destinés à tendre les fils de chaîne à leur partie inférieure dans les métiers à tisser verticaux. D’autres constructions sont attestées par des fragments de mosaïques et de peintures murales.

 

Les témoignages de la vie quotidienne

© musée d’Archéologie, Antibes © CG 06

Cruches, amphores et gobelet à paroi fine du site de Vaugrenier.

La vaisselle constitue une précieuse source d’information sur la vie quotidienne des habitants et des voyageurs. Amphores, urnes, cocottes, plats et mortiers servaient pour le stockage, le transport, la préparation et la cuisson des aliments alors que la céramique de table, abondante, était constituée de céramiques sigillées, de céramiques dites « claires engobées » et de vases à parois fines.

 

Les vestiges de nécropoles

En bordure du site ont été retrouvées plusieurs nécropoles. Le monument le plus remarquable - le «trophée de la Brague» - était un mausolée à plusieurs étages dont 13 blocs sculptés ont été retrouvés fortuitement dans un champ au début du XXe siècle.

© archives municipales d’Antibes © CG 06

Bloc sculpté avec casque et torque gaulois du « trophée de la Brague ».

© Cliché archives municipales d’Antibes © CG 06

Les blocs du « trophée de la Brague » remontés de manière arbitraire à la Pinède de Juan-les-Pins dans les années 1930.

© musée d’Archéologie, Antibes © CG 06

Urne cinéraire en pierre.

L’iconographie suggère qu’il appartenait à un vétéran installé dans le secteur de Vaugrenier  dès les années 43-36 avant notre ère. L’incinération est le rite le plus répandu au Ier siècle de notre ère. A Vaugrenier, les résidus de la crémation étaient disposés dans des urnes, parfois en verre, elles-mêmes protégées par des coffres en pierre. Des inhumations sous tuiles sont également signalées, pas antérieures au IIIe siècle.

L’abandon du site­­­

Entouré d’une constellation d’établissements ruraux, Vaugrenier constitue un véritable faubourg d’Antipolis qui atteint une phase de plein développement dans la première moitié du Ier siècle de notre ère. Son abandon soudain, vers la fin du règne de Néron (54-68 après J.-C.) n’en est que plus surprenant. Il résulte probablement de la proximité d’une bataille due à la succession de ce dernier empereur de la dynastie julio-claudienne. En effet, selon le témoignage de l’écrivain Tacite, une bataille eut lieu au printemps de l’année 69 de notre ère entre les troupes d’Othon et celles de Vitellius, deux prétendants au trône impérial, à peu de distances d’Antibes. Les troupes de Vitellius s’y retirèrent après le combat que certains situaient depuis longtemps à Vaugrenier même. Les découvertes des fouilles récentes semblent apporter quelque crédit à cette hypothèse. D’une part, le site est abandonné et de manière assez soudaine dans les années 60 de notre ère. D’autre part, plusieurs pièces d’armement ont été recueillies dans des niveaux contemporains : carreaux de catapulte, fer de pilum, lances et javelots de cavalerie et quelques pointes de flèches. Toutefois, on ne relève aucune trace de destructions brutales ou de pillage. Il faut donc vraisemblablement supposer qu’une bataille a mis aux prises les deux camps en dehors de Vaugrenier mais suffisamment près pour impliquer sa population et signer l’arrêt de mort de l’agglomération.

Informations pratiques

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Ce sont les galeries voûtées du Bastion Saint-André, bâtiment militaire du XVIIe siècle, qui abritent le musée d'archéologie depuis sa création.

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Demi-tarif : 1,5 €    Sur présentation d'un justificatif
Gratuité totale : Sur présentation d'un justificatif

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