Parcours le cinéma et la Côte d'Azur

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Introduction

Entre le cinéma et la Côte-d’Azur, c’est une grande histoire d’amour. Depuis la naissance du 7ème art, la région a accueilli les plus grands cinéastes et les plus grands acteurs du monde. Plus de 500 films y ont été tournés dans les studios les plus modernes et dans des décors naturels à couper le souffle : Nice, Cannes, Menton, Eze, Grasse, Roquebrune-Cap-Martin, La Turbie, Tourettes-sur-Loup, etc… Autant de lieux et de paysages qui ne cessent d’attirer les plus grands noms, les plus grands projets. Avec son soleil, sa lumière, la douceur de ses hivers, son cadre unique au monde et son Festival de Cannes, reconnu internationalement, la Côte-d’Azur est devenu, après Hollywood, la Mecque du cinéma mondiale.

Grands tournages Côte d'Azur

L’existence des studios de la Victorine, dès 1919, a hissé Nice au deuxième rang des villes de cinéma après Paris. Plus d’un millier de films y ont été tournés, participant de façon décisive à l’essor de l’industrie cinématographique de la Côte d’Azur. Entre cinéma populaire, très largement majoritaire, et cinéma d’auteur, la production cinématographique issue du département des Alpes-Maritimes constitue l’une des pages les plus riches de l’histoire du cinéma français.

Naissance

Tout commence en 1897 lorsque les frères Lumière ont l’idée de filmer le Carnaval de Nice. À Paris, sous la grisaille et le froid de l’hiver, les images projetées font sensation. Elles montrent une ville en fête, pleine de lumière, de soleil et de douceur. Il n’en faut pas plus pour que les professionnels de cet art, encore à peine né qu’est le cinéma, viennent établir leur quartier sur la Côte d’Azur. Les réalisateurs y voient l’opportunité de tourner toute l’année, été comme hiver, en bénéficiant d’une lumière naturelle qui leur permet de limiter les contraintes techniques et matériel.

« Sur la Côte d’Azur, écrit Charles Pathé, on avait la mer, les jardins, les villas englouties sous les bougainvilliers, des villages échappés du Moyen-âge. Là où l’on plantait la caméra, on se trouvait devant un décor de rêve, gratuit de surcroit ! »

Face à cet engouement général, Pathé décide de construire dès 1908 à Nice, le tout premier studio de cinéma, au 168, route de Turin, Villa Tomatis. Jusqu’en 1930, date de sa fermeture, plus d’une centaine de films y sera tourné notamment ceux d’Alfred Machin, spécialisé dans les courts-métrages, reportages et documentaires animaliers : Chasse à l’hippopotame sur le Nil bleu (1908), Chasse à la panthère (1909), De la jungle à l’écran (1928).

Le 1er avril 1913, Léon Gaumont crée un studio de tournage ainsi qu’un laboratoire de développement dans le quartier de Carras, à Nice. Louis Feuillade, qui en est le directeur et auteur des célèbres adaptations de Fantômas à l’écran, y tourne ses propres films. En 1919, le producteur Louis Nalpas cherche un lieu de tournage pour le long métrage de René Le Somptier, La sultane et l’amour. Plutôt que de louer des studios et d’y construire des décors couteux, il trouve la Villa Liserb à Nice dans le quartier de Cimiez et l’achète. Le tournage du film est idyllique et son succès est immense. Le producteur est désormais persuadé que la Côte d’Azur pourrait devenir le nouvel Hollywood et attirer les cinéastes du monde entier.

Les studios de la Victorine

Pour se faire, il s’associe à un autre très riche producteur, Serge Sandberg, pour créer de gigantesques studios. Les deux hommes acquièrent la Victorine, une immense propriété de 7 hectares située sur les hauteurs de Nice, ayant appartenu au Prince d’Essling qui baptisa sa villa du prénom de sa nièce, Victorine. La création du « plus vaste complexe cinématographique d’Europe », est confiée à l’architecte Edouard Niermans qui s’est déjà illustré dans la construction du Négresco à Nice. A peine achevé, les cinéastes se ruent déjà aux fameux Studios de la Victorine. Abel Gance y tourne son film La Roue et René Le Somptier, chouchou de Louis Nalpas, récidive avec La Montée vers l’Acropole. Pendant des années, les studios de la Victorine rivaliseront avec Hollywood, attirant les productions les plus folles, les plus couteuses, ainsi que les plus grands cinéastes et acteurs de l’époque (Duvivier, Grémillon, Pagnol, Walsh, Bunuel, Vadim, Preminger, Verneuil, Lautner, Truffaut…). Les tournages s’y enchainent et les chefs-d’œuvre s’y succèdent. Après le triomphe en 1942, de son film Les Visiteurs du soir, resté dans les mémoires pour son énorme château médiéval entièrement reconstitué grandeur nature, Marcel Carné, débute le tournage des Enfants du Paradis le 9 août 1943 aux Studios de la Victorine.

Les enfants du paradis film de Marcel Carné

Les Enfants du Paradis est un film de Marcel Carné, d’après un scénario de Jacques Prévert, avec Arletty, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur. Le tournage a commencé en août 1943 aux studios de la Victorine à Nice et s’est achevé à Paris en 1944, aux studios Pathé. Le film est sorti sur les écrans à la Libération en mars 1945.

Cette fois, le décorateur Alexandre Trauner reconstitue sur les 7 hectares des studios, le « boulevard du Temple » tel qu’il était vers 1840. Le décor est un chef-d’œuvre à lui tout seul. 150 mètres de long composé de plus de 50 façades d’immeubles hautes de 15 mètres ; 20 mètres de trompe-l’œil en fausse perspective et une largeur suffisante pour permettre à des carrosses de circuler facilement parmi 2000 figurants ! Le plus grand décor du cinéma français jusqu’à ce jour a nécessité plusieurs mois de travail. Mais face à la menace d’une offensive alliée du côté de Gênes, le tournage s’interrompt brutalement en septembre 1943. L’équipe du film est rapatriée d’urgence à Paris, abandonnant sur place tous les décors. Quand l’équipe revient à Nice en février 1944 pour finir le tournage, elle retrouve les décors complètement abîmés. Deux mois de travail et 800 000 francs (une fortune pour l’époque) sont nécessaires pour les restaurer.

Autre chef-d’œuvre entièrement tourné aux Studios de la Victorine : La Nuit Américaine de François Truffaut. Lors du montage de son film Les Deux anglaises et le continent en 1971 à la Victorine, Truffaut est intrigué par un immense décor abandonné, ayant servi quelques années plus tôt à une production américaine, La Folle de Chaillot. Il lui vient alors l’idée d’un film racontant le tournage d’un film et Truffaut décide de réutiliser les décors en l’état. La Nuit Américaine reçoit l’Oscar du meilleur film étranger en 1973.

Dans les années 80, les Studios de la Victorine concurrencent largement les Studios Cinécitta de Rome ou ceux de Pine Wood à Londres. Michaël Douglas, fils de Kirk Douglas, et son frère Joël, y installent leur société de production Stone Group. Ils tourneront Le Diamant du Nil de Lewis Teague et Under the Cherry Moon de Prince. Aujourd’hui, les studios rebaptisés «Studios Riviera» depuis 1999, accueillent toujours autant de films (Grace de Monaco, d’Olivier Dahan,  L’Epreuve d’une vie de Nils Tavernier, Cloclo…) et se sont ouverts également aux films publicitaires, clips et séries télévisées (Crossing Lines).  En tout, ce sont plus de 500 films parlants et 200 films muets qui ont vu le jour aux Studios de la Victorine.

Cannes et son Festival

Avec moins de 75 000 habitants (150 000 pendant le festival), Cannes est connu dans le monde entier. Considéré comme la capitale planétaire du cinéma, elle attire tous les ans, au mois de mai, toutes les stars internationales du 7ème art.

Le Festival de Cannes est né en 1938 en réaction à la Mostra de Venise. Sous tutelle fasciste et inauguré en 1937 par le Dr Joseph Goebbels, le festival de Venise se plait à récompenser des films nazis comme Les Dieux du stade de Leni Riefenstahl qui concourt cette année là face avec Autant en emporte le vent. Ulcérés par ce choix, trois membres du jury de la Mostra de Venise soumettent à Jean Zay, alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux Arts (ancêtre du ministère de la Culture), un projet de Festival du film International en France. Jean Zay accepte de créer ce « premier festival du monde libre ». Des stars du monde entier sont invitées pour promouvoir le plus grand festival de cinéma du monde. Plusieurs villes sont pressenties (Vichy, Biarritz, Lucerne, Ostende, Alger). Mais c’est Cannes qui est retenue en raison de son taux d’ensoleillement annuel et de son infrastructure hôtelière de luxe déjà existante.

La première édition du Festival de Cannes est prévue du 1er au 20 septembre 1939. Louis Lumière en est le président. Parmi les films sélectionnés, citons La Charrette fantôme de Julien Duvivier et Le Magicien d'Oz de Victor Fleming. Quant aux stars françaises et hollywoodiennes, elles sont au rendez-vous : Fernandel, Tyrone Power, Gary Cooper, Annabella, George Raft, flânent sur la croisette. Mais le sort en a décidé autrement. Le 1er septembre, jour de l'ouverture du Festival, l’Europe bascule dans la guerre. Les troupes d’Hitler envahissent la Pologne. Le Festival est annulé. La première a lieu sept ans plus tard, après la Libération, du 20 septembre au 5 octobre 1946. C’est à partir de 1951, pour éviter la concurrence de la Mostra de Venise, que le festival a lieu eu mois de mai. Depuis bientôt 80 ans, le Festival de Cannes ne cesse d’être l’emblème mondial du 7ème art.

Le Festival International du Film de Cannes

Le Festival International du Film de Cannes est la plus importante manifestation cinématographique, tant pour ses échanges et ses enjeux artistiques que pour son envergure commerciale en terme de diffusions et de promotions de films à l’échelle mondiale. La puissance de ce Festival, unique en son genre, est de réussir à donner à l’industrie du cinéma une scène où se côtoient les œuvres économiquement ou esthétiquement les plus minoritaires et les films voués aux plus grandes audiences.

    

La Côte d'Azur, Mecque du Cinéma

Grâce aux Studios de la Victorine et au Festival de Cannes, véritable vitrine people et glamour du 7eme art, la Côte d’Azur est le lieu de prédilection des tournages de films, mais également des acteurs, cinéastes et producteurs qui s’y installent ou y vont régulièrement en villégiature. De Menton à Saint-Tropez, le long de la côte ou dans l’arrière-pays, on ne compte plus les villages, lieux dits et paysages qui ont servis de décors où qui abritent secrètement des stars. Menton, la Citadelle de Villefranche-sur-Mer, le fort carré d’Antibes ont servi par exemple de cadre à James Bond dans Jamais plus jamais, d’Irvin Kershner. En 1955, Alfred Hitchcock choisit la Grande Corniche, Saint-Jeannet et la Turbie pour faire évoluer Carry Grant dans La Main au collet.

La main au collet film d'Alfred Hitchcock

La Main au collet (titre original : To Catch the Thief) est un film américain d’Alfred Hitchcock tourné en 1955 dans Nice et sa région (Cannes, Cagnes-sur-mer, Cap Ferrat, Saint-Jeannet, Le Bar sur Loup…).

Jacques Demy, l’auteur des Parapluies de Cherbourg, tourne son deuxième film La Baie des Anges dans les rues de Nice et les casinos de Cannes et Monte-Carlo.

La Baie des Anges film de Jacques Demy

La Baie des Anges est un film français en noir et blanc de Jacques Demy, tourné en 1962 à Paris et sur la côte d’Azur (Nice, Cannes et Monaco).  

Outre ses paysages et villas de rêves qu’on peut voir dans Les Félins de René Clément ou dans Mortelle randonnée de Claude Miller, Roquebrune-Cap-Martin abrite les maisons de stars telles que Greta Garbo, Joséphine Baker, Jacques Brel ou le célèbre producteur italien Dino De Laurentiis. Si Sacha Guitry possédait une sublime propriété au Cap d’Ail, Chaplin à Saint-Jean-Cap-Ferrat et Jean Renoir à Cagnes-sur-Mer, c’est surtout Saint-Paul-de-Vence qui attira certainement le plus d’artistes. La célèbre auberge de La Colombe d’Or est devenue mythique par les grands noms qui l’on fréquentée. Loin de l’agitation de la côte, Chaplin, Orson Welles, Blier, Liza Minelli, Truffaut, Romy Schneider, Clouzot, De Niro… (la liste est longue) en ont fait leur havre de paix. Tout comme Jacques Prévert, Yves Montand et Simone Signoret avait leur maison à Saint-Paul. Plus loin dans la colline, c’est à Vence que Walt Disney venait se ressourcer, non loin du Col de Vence, qui servi à de nombreux films pour ses virages. Au Marineland du Cap d’Antibes, Luc Besson tourna les scènes des dauphins du Grand Bleu, imité en 2012 par Jacques Audiard avec son film De rouille et d’os. Saint-Tropez est évidemment indissociable de la série des « gendarmes » avec Louis de Funès et Valauris éternellement associé à Jean Maris. De même que George Lautner, auteur des célèbres Tonton flingueurs, habitera toute sa vie dans un magnifique moulin à Grasse. D’autres grands noms choisissent la côte pour se marier, tel le réalisateur David Lean (Lawrence d’Arabie, Le Pont de la rivière Kwaï) à Mougins, Rita Hayworth à Vallauris ou Simone Signoret et Yves Montand, Henri Clouzot à Saint-Paul-de-Vence. D’autres y sont nés : Cannes (Gérard Philip , Martine Carol, Charles Vanel) ; Nice (Jean Vigo Mocky, Philippe Léotard…).

La Côte d’Azur n’a donc pas fini d’éblouir les stars et d’émerveiller les cinéastes.

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